Prenons trois cas - et « cas » est le terme approprié - :
Au Brésil, en 2019, un président viriliste, adepte de la culture du viol.
Jair Bolsonaro, dont la forêt amazonienne et ses habitants ne regrettent pas le départ, était ouvertement contre l'avortement : en 2022 il juge « inadmissible » qu'une fillette de 11 ans, violée, ait pu avorter. Il est contre l'égalité salariale F/H, et selon les autrices d'un rapport de la Fondation Jean-Jaurès sur les droits des femmes, il contribue avec son gouvernement à diffuser une culture du viol ; les féminicides ont d'ailleurs beaucoup augmenté sous son mandat. Rappelons qu'il avait dit en 2003 à une députée qui l'accusait de viol qu'il ne pourrait pas la violer parce qu'« elle ne le méritait pas ». Ce type de comportement a plu à des électeurs qui étaient victimes de la crise économique, le virilisme de Bolsonaro compensant en quelque sorte à leurs yeux la baisse de leur statut social.
Aux USA, un machiste, accusé d'agressions sexuelles.
Autre cas, Donald Trump, qui s'est d'abord fait connaître pour ses agressions sexuelles et ses propos orduriers à l'égard des femmes. Dire qu'il est misogyne est un euphémisme. Dès les premiers mois de sa présidence il restreint les dotations aux organismes d'aide à l'avortement . Il supprime la contribution américaine au Fonds des Nations Unies pour la population, contribution essentielle pour la planification familiale et les DSSR* dans le monde. Dans vingt-deux États, grâce à la modification des juges de la Cour Suprême, sont apparus des lois et des projets de loi interdisant l’avortement au-delà de cinq semaines de grossesse, obligeant la femme à regarder une échographie du foetus avant l’IVG, empêchant l’avortement thérapeutique ou proposant qu’il soit considéré comme un homicide volontaire. Et durant l'été 2017 la réglementation qui obligeait les entreprises à rendre publics les écarts de salaires entre ses salariés selon leur genre et leur origine a été purement et simplement supprimée.
Le meilleur pour la fin : J. Milei, l’excité à la tronçonneuse.
Le nouveau président de l'Argentine, Javier Milei, estime que les inégalités sociales sont naturelles et qu'il n'est donc pas légitime de vouloir les combattre, que la justice sociale est « un vol », que le pape François - argentin - est « un fils de pute » et « un connard » qui prêche le communisme. Comment s'étonner qu'il ait décidé de supprimer l'IVG, le ministère des Femmes et les cours d'éducation sexuelle ? « Vive la liberté, bordel ! » était son cri de ralliement ; on voit pour qui sera la liberté et qui sera exploité au bordel... Il veut aussi supprimer le ministère de l'Éducation - moins on en sait, plus on obéit -.
Et en France ?
Voici les votes des élu.e.s RN :
♦ 2018 : résolution visant à harmoniser la lutte contre le harcèlement moral et sexuel dans les États de l'UE : abstention du RN.
♦ 2018 : loi Schiappa contre les violences sexuelles et sexistes : 1 abstention , 5 absents dont M. Le Pen.
♦ 2020 : la grande majorité des eurodéputés emmenés par J. Bardella vote contre une résolution incitant les États membres à intensifier leurs efforts pour combler les inégalités F/H face à la retraite ou aux temps partiels.
♦ 2020 : le Parlement de l’UE adopte une résolution condamnant l’interdiction quasi-totale de l’avortement en Pologne, le RN vote contre.
♦ 2021 : les députés RN n’ont pas pris part au vote de la loi Rixain sur l’égalité professionnelle.
♦ 2021 : résolution UE pour lutter contre le harcèlement sexuel : le RN vote contre.
Les femmes sont prévenues.
* Droits et santé sexuels et reproductifs.
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