Accord ou pas, la COP à moitié pleine (facile !) ou à moitié vide ? On a compris que les pays producteurs ont un peu de mal à servir deux maîtres à la fois. Le pétrole et le développement durable. Soit. Mais c’est dans les pages économiques du Figaro, mais oui, qu’on pouvait, samedi dernier, lire ce titre : « Les géants pétroliers toujours plus généreux avec leurs actionnaires » et ce sous-titre « Les cours de Bourse des plus grands groupes du secteur tutoient des sommets, alors que la COP28 bat son plein ».
Et il ne s’agit pas seulement des cours, mais des capitalisations de Schell, TotalEnergies, ExxonMobil, Aramco qui pointent dans les sommets mondiaux avec 2 200 milliards de dollars, juste derrière Apple et Microsoft. C’est que, « la confiance des marchés repose sur des perspectives de consommation d’hydrocarbures encore en hausse ». L’Agence internationale de l’énergie estime que la demande mondiale en pétrole devrait augmenter de 6 % d’ici à 2028. On se dit que, pour les pétroliers et leurs actionnaires, c’est « COP toujours, tu m’intéresses ». Ceci expliquant cela.
Au fond, la lutte des classes, ce sont les capitalistes et la presse économique de droite qui la comprennent le mieux. Mercredi, un de nos quotidiens, qui titrait « Pourquoi il risque d’y avoir moins d’augmentations générales cette année », ajoutait en sous-titre « Le point de vue des salariés et celui des employeurs s’opposent ». Fichtre. Il y aurait donc un conflit entre le capital et le travail, entre ceux qui possèdent les instruments de production et les entreprises et celles et ceux qui les font tourner ?
On comprend mieux, alors, pourquoi les employeurs préfèrent les augmentations individuelles. Mais aussi pourquoi, comme on nous l’explique, la dégradation des indicateurs économiques et la remontée du taux de chômage pourraient être une bonne nouvelle du côté du capital : « L’an dernier, les pénuries de recrutement étaient importantes, ce qui obligeait les employeurs à se montrer attractifs » et « le contexte est moins tendu, donc les entreprises vont être moins généreuses ». Marx parlait de « l’armée de réserve des chômeurs » pour peser sur le coût du travail. Merci pour la leçon.
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