Loi immigration - Assemblée nationale
Acculé à la démission, mais repêché par E. Macron, Gérald Darmanin ne pouvait rêver pire scénario. Tous les plans échafaudés pour faire adopter le projet de loi immigration, malgré l’absence d’unité du camp présidentiel et les surenchères de la droite et de l’extrême droite, se sont écroulés comme un château de cartes, lundi soir, à l’Assemblée nationale.
La plus grave crise, sans doute, depuis le début du quinquennat, puisque la défaite du gouvernement ne s’explique pas seulement par le refus coalisé des oppositions, mais aussi par les cinq voix manquantes en faveur du texte dans les rangs du parti présidentiel. Jusqu’à présent, l’exécutif était à peu près passé entre les gouttes,
au point de faire oublier qu’il ne dispose que d’une majorité relative de députés, en gouvernant à coups de 49.3 ou en comptant sur la dispersion des opposants. Cette fois, les calculs politiciens se sont heurtés au mur de la réalité parlementaire. À vouloir ratisser trop large, Gérald Darmanin perd sur tous les tableaux. Bien sûr, on entend déjà les commentateurs dénoncer l’addition des voix de gauche et d’extrême droite aux motivations antagoniques, et s’interroger sur le choix de la droite et du Rassemblement national de rejeter des mesures qu’ils ont eux-mêmes défendues. Alors que ce résultat fait d’abord éclater l’imposture d’une politique qui prétend concilier les principes républicains avec la criminalisation de l’étranger. En tout cas, la preuve est faite qu’il n’existe pas de majorité de députés pour entériner cet hypocrite compromis.
Le choix de la commission mixte paritaire
Les défenseurs des droits des immigrés auraient toutefois tort de se réjouir trop tôt. Car le sort du projet de loi n’est pas scellé, et une moitié des députés qui ont voté pour son rejet l’ont fait dans l’espoir de durcir encore son contenu. Sabordé à l’Assemblée nationale, le texte passera lundi devant une commission mixte paritaire, favorable au parti de droite et a ses mesures liberticides.
Ce qui est certain, c’est que le président de la République va maintenant passer la fin de son quinquenat sous la menace de la minorité absolue.
Travailleurs sans papiers dans les métiers en tension :
Les trois parlementaires aubois ont opté pour une posture politicienne concernant la régularisation des travailleurs sans papier plutôt que de répondre aux attentes de nombreuses professions en tension.
La droite LR a emboité le pas pour rester au contact du FN. Tous dans un seul objectif, gagner au terrible jeu du « qui est le plus ferme contre l’immigration et le plus dur contre les immigrés ? »
Et pourtant les enquêtes d’opinion indiquent que les électeurs de Valérie Bazin Malgras sont plutôt favorables à cette mesure de régularisation des travailleurs sans papier dans les métiers en tension. Quant à ceux du RN ils voyaient plutôt d’un bon oeil les mesures anti migrants contenu dans le texte comme un appel du pied aux députés RN.
La régularisation des travailleurs sans papier, ceux même qui font fonctionner des pans entiers de notre l’économie, dans les secteurs en tension comme le BTP, l’hôtellerie-restauration, la propreté, la manutention, l’aide à la personne va donc rester lettre morte.
Rappelons que ces travailleurs cotisent à la sécurité sociale, paient leurs impôts et participent donc la vie économique de notre société. Et malgré cela ils ne disposent d’aucuns droits et se trouvent à la merci du moindre contrôle policier avec le risque toujours possible d’expulsion… et qui devrait encore s’accroitre si ce projet de loi était adopté avec les amendements de la droite et de son extrême.
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