Notre Orchestre symphonique aubois, OSA le bien nommé, se présente comme désirant rendre la musique classique accessible à au plus grand nombre. Musicalement, rien à dire, c’est vrai, tous les concerts le prouvent, même quand le chef Gilles Millière choisit une oeuvre moderne, musique plus déconcertante que concertante. Mais c’est un clin d’oeil aux oreilles lui ne fâche personne.
Par contre, 18 € la place, ça devient ruineux pour ceux qui regardent au fond de leur bourse l’état de leur infortune. Les vieux comme moi sont mieux traités. Ils ne paient que 10 € mais ils sont confinés au ras des mocassins du chef ou rejetés sur les bas-côtés par cette force centrifuge sociale qui veut se débarrasser de ceux qui n’ont pas pensé traverser la rue pour chercher un emploi.
Trêve d’analyse sociale, l’alto de Madame Lise Berthaud était tout à fait chaud et roboratif dans le concerto de Krzysztof PENDERECK, un vieux monsieur à la musique jeune, sérielle pour être plus juste, c’est-à-dire faisant un pied de nez à la tonalité. Ce compositeur, mort en 2020, était un Polonais mâtiné d’Arménien et d’Allemand, aimant la botanique et le cinéma, surtout les films d’horreur, ce qui ne s’entendait pas dans ce concerto en 7 parties, d’ailleurs bien soudées entre elles. C’est une forme peu répandue, mais un artiste bien né aime à casser les codes. Mais pas les cordes. Celles du gros violon de Lise Berthaud étaient solides pour supporter les provocations du compositeur. Elle avait joué cet été lors de deux festivals fameux. Elle n’avait donc aucune crainte à ferrailler avec la soixantaine de musiciens de l’OSA placés sous la baguette amicale de Gilles Millière.
Le concert avait débuté par l’Aria de la 3ème suite de JS Bach, un sirop très célèbre pour endormir avant le sérieux combat sériel. La 8éme symphonie de Dvorak, aux thèmes assez disparates, profondément tchèque bien que surnommée parfois « l’Anglaise », terminait le concert. Dvorak élevait les pigeons et adorait les machines à vapeur. Des passions oxymores. C’est ce qu’on retrouvera plus tard dans sa symphonie du Nouveau Monde, la N° 9, écrite aux États-Unis, et qui exprime largement la nostalgie de sa lointaine Bohème.
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