« Les Argentines et les Argentins ont voté pour leur propre bourreau » juge le correspondant de La Croix après l'élection, avec un score supérieur aux prédictions, de Javier Milei, qui se dit de « droite radicale » et « libertarien ». Cynisme de l'Histoire, son entrée en fonction aura lieu le 10 décembre, jour du 40ème anniversaire de la démocratie en Argentine. Dans la foulée, les scores de l’extrême droite aux récentes législatives aux Pays-Bas, un des pays fondateurs de l’UE, symbole de la tolérance, sonnent comme un nouvel avertissement. Elle a raflé 37 des 150 sièges, pas assez pour gouverner, mais suffisamment pour faire rebattre les cartes du jeu politique. La question migratoire a été au centre du scrutin, avec une surenchère anti-migrants et anti-demandeurs d'asile finalement remportée par les plus extrêmes. Mieux vaut s'adresser à Dieu qu'à ses saints.
Plus que jamais, en France, la course à l'échalote est permanente sur l'immigration. L'étrangeté de la situation française, c'est que les protagonistes en rivalité sur le sujet - macronistes et Républicains - s'échinent à surenchérir l'un sur l'autre pour concurrencer un RN qui se contente d'assister sans piper mot au grandguignolesque spectacle : qui se versera sur les cheveux assez de peroxyde pour obtenir la blondeur adéquate ? Le RN entend bien tirer les leçons des exemples italiens et hollandais. Ils démontrent que « l'obsession » migratoire, civilisationnelle ou encore anti-musulmane, profite toujours, in-fine, au parti le plus extrémiste. Bien entendu, l'exode des migrants en Méditerranée, le terrorisme islamique ou la guerre Israël-Hamas n' Co constituent tout autant un cocktail facile à secouer pour porter au paroxysme les inquiétudes. Mais les partis qui s'abreuvent à ce flacon devraient se méfier de l'ivresse qu'il leur procure. La gueule de bois suit toujours.
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