L'histoire de ce titre remonte à 1946, au Royaume-Uni, avec la création des luncheon-vouchers (bons pour déjeuner) qui est reprise en France par Jacques Borel, créateur de la « fameuse » chaîne des Restoroutes, sous le titre de crédit-repas. Bien sûr, intérêt personnel bien compris, il obtient du gouvernement une exonération des cotisations sociales et fiscales, et l'obligation de l'utiliser au restaurant (les siens, de préférence). Le titre-restaurant devient ainsi un avantage social en nature accordé au salarié en septembre 1967. Gros succès : actuellement 5 millions d'utilisateurs.
L'idée est simple : les employés payent entre 40 et 50% de leur titre de restauration ; les employeurs payent entre 60 et 50% de ce titre, et s'ils optent pour 50%, ils ne paient ni les cotisations sociales ni les impôts afférents. Si l'on va sur un site d'expertise comptable on trouve que cela peut être même une alternative intéressante à une augmentation de salaire qui, elle, est soumise aux « charges patronales » ! Gros avantage donc pour le patronat.
Mais, avec la crise de la Covid et l'inflation, le ticket-restaurant sert de plus en plus à faire ses courses alimentaires et non plus à aller au restaurant. B. Le Maire a d'ailleurs vite prolongé cette possibilité, normalement interdite*, car l'INSEE a communiqué le chiffre de l'inflation en octobre : 8% depuis le début de l'année. Et l'inflation la plus forte concerne l'énergie et l'alimentation. Comme la pauvreté des travailleurs augmente, plus d'un titre-restaurant sur deux est désormais utilisé pour des courses alimentaires. B. Le Maire paraît ainsi venir au secours de ceux et surtout de celles qui triment, mais sans s'attaquer aux profits de la grande distribution, sans rien exiger du patronat, sans dépenser un euro de plus. J. Borel, en capitaliste chevronné, doit apprécier l'artiste.
* En France mais pas dans d'autres pays de l'UE.
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