Marche contre l’antisémitisme
100 000 personnes ont défilé contre l'antisémitisme dimanche, à Paris, et 182 000 personnes dans toute la France. Dans l’Aube ce sont 400 personnes qui étaient rassemblées à Troyes devant la Préfecture.
Manifester contre l’antisémitisme. Mille fois, oui. Le faire aux côtés de l’extrême droite ? Certainement pas : tous ceux qui combattent l’antisémitisme savent à quel point cette famille politique porte une responsabilité indélébile dans le développement de la haine, de l’antisémitisme et du révisionnisme dans notre pays. C’est pourquoi communistes, socialistes et écologistes se sont distingués des héritiers du fascisme, dimanche, à Paris, en constituant « un cordon républicain ».
Derrière une longue banderole où il est écrit « Contre l’antisémitisme et tous les fauteurs de haine et de racisme », Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, explique le sens de la démarche : « Nous affirmons que nos compatriotes juifs et juives ont toute leur place dans notre République. Mais nous ne voulons pas nous mélanger avec ceux qui disent combattre l’antisémitisme et qui en même temps tiennent un discours anti-Arabes. »
Face à la recrudescence des actes antisémites, la secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier, ajoute que « les écologistes ont toujours défilé contre la haine, et ce n’est pas aujourd’hui que ça va s’arrêter, surtout pas à cause du RN dont la présence est indécente ». « Renoncer à manifester, cela aurait été laisser la place à l’imposture de l’extrême droite », confirme Olivier Faure, premier secrétaire du PS.
Les organisateurs de la manifestation, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, n’ont, de leur côté, pas eu un mot concernant la présence dans le cortège des propagateurs de haine comme Marine Le Pen ou Éric Zemmour. La députée RN est pourtant membre d’un parti cofondé par un Waffen-SS et a déjà valsé à Vienne avec des antisémites notoires.
Il fallait avoir le coeur bien accroché. Des dirigeants du Rassemblement national ont donc marché tête haute dans une manifestation contre l’antisémitisme, déversant leur venin raciste à chaque micro tendu. Écoeurement et colère de voir se pavaner les Le Pen et consorts dans les rues parisiennes. Tristesse et inquiétude de lire Serge Klarsfeld, qui a tant oeuvré pour la mémoire de la Shoah et la condamnation des crimes nazis, se « réjouir » que le RN participe à cette marche, lui offrant une caution morale inespérée.
Qu’est-il arrivé à notre pays pour qu’Éric Zemmour, qui a affirmé que Pétain avait « sauvé » des juifs, se sente autorisé à défiler tranquillement ? Que les autoproclamés défenseurs de la République justifient cette présence en affirmant « qu’il ne faut pas faire de politique » pour lutter contre l’antisémitisme ? Bêtise inouïe. Comment être dupes de cette supercherie immonde, de cette obscène instrumentalisation ?
Ce 12 novembre marquera une étape décisive de la « normalisation » de l’extrême droite. Qui peut croire que le parti de Marine Le Pen, fondé par des anciens SS, et dont l’ex-président a été condamné à plusieurs reprises pour avoir qualifié les chambres à gaz de « détail de l’histoire », n’est plus antisémite ? Jordan Bardella, n’a-t-il pas déclaré, malgré la triste évidence : « Je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite. »
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