Un Oeil sur l'Europe - Italie
La honteuse idée d'obliger les allocataires du RSA à fournir 15h par semaine « d'activité » n'est pas une idée neuve. Georgia Meloni a déjà fait mieux : « Nous réformons le revenu de citoyenneté pour faire la différence entre ceux qui sont capables de travailler et ceux qui ne le sont pas. »
À partir du 1er janvier 2024 « un chèque inclusion », sera réservé aux familles composées de personnes présentant un handicap, de mineurs, de plus de 60 ans, et plafonné à 500€/mois sur 18 mois. Bref, une aide pour les « inaptes à l'emploi » qui remplacera le revenu de citoyenneté, d'un montant moyen de 550 €, qui avait permis à 4 millions de personnes de sortir de la pauvreté car il pouvait s'ajouter à de petits revenus. Et pour les personnes aptes à l'emploi, la participation à des formations ou des « projets utiles à la collectivité » devient obligatoire, moyennant la mirifique indemnité de 350 € par mois pendant un an. Bien entendu les employeurs auront des exonérations de cotisations.
Actuellement en Italie, 3ème économie de l'UE, 63% des familles n'arrivent plus à boucler leur fin de mois (Eurostat) et 5,6 millions de personnes ont basculé dans une pauvreté absolue (rapport Oxfam), soit 9,6% de la population, à cause de l'inflation, faramineuse qui concerne l'énergie, et des difficultés à trouver un emploi ; moins de 30% des Italiens entre 25 et 30 ans détiennent au moins une licence, contre une moyenne européenne de 46%, ce qui les exclut des emplois vacants dans l'ingénierie et les postes cadres des services publics, après des coupes dans le budget de l'Instruction nationale qui ont pénalisé surtout les régions du Sud, les plus touchées par le chômage et de loin.
À ce désastre social, Salvini prévoit d'ajouter une loi d' « autonomie différenciée » pour les régions, qui permettrait, par exemple, de payer davantage un professeur du Nord, puisque la dotation de l'État se fera en fonction de l'état de richesse et de performance des régions. Plus question d'égalité des territoires et des citoyens, place à la compétition et tant pis pour les faibles... Un modèle social digne des années 30, la modernité est en marche...
Pour s'élever contre tout cela, contre l'inégalité fiscale, pour réclamer une augmentation des salaires et des retraites, le 17 novembre, à l'appel des syndicats progressistes, une grève générale est annoncée dans les régions du Centre, et fonction publique et transports seront en grève dans toute l'Italie. Le 20 ce sera le tour de la Sicile, le 24, celui des régions du Nord, le 27 celui de la Sardaigne et le 1er décembre celui des régions du Sud. Pendant deux semaines le drapeau rouge ne quittera pas la place publique.
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