Aube
Par Camille Lainé
Elisabeth Borne a annoncé jeudi 26 octobre les premières mesures du plan contre les violences urbaines du gouvernement.
Parmi elles figure notamment la volonté de placer « des jeunes délinquants, de manière obligatoire, dans des unités éducatives de la protection judiciaire de la jeunesse » jusqu’à « envisager un encadrement de jeunes délinquants par des militaires ». Elle a annoncé que cette proposition serait soumise au vote des parlementaires, sans pour autant donner de date.
Dans le même registre, il est aussi question de stage pour responsabiliser les parents d’enfants qui ont commis des infractions, de supprimer les comptes de réseaux sociaux aux jeunes incriminés et enfin de permettre à la police municipale d’accomplir certains actes de polices judiciaires.
Le maire de Troyes est visiblement bon élève du gouvernement, voir même en avance sur eux au niveau répressif puisque dès le mois de septembre il avait annoncé dans la presse locale vouloir « expulser les familles récidivistes des logements sociaux de l’agglomération ».
Ces mesures outre leur aspect purement répressif, n’ont aucune volonté de traiter le problème sur le fond. À aucun moment, le gouvernement n’a assumé ses responsabilités dans les événements qui ont secoué nos banlieues en juin dernier. Il est bien plus facile de pointer des responsabilités individuelles, mais ces condamnations ne solutionneront pas le problème.
C’est exactement la même chose localement, François Baroin pointe donc les familles comme seules responsables et instaure des punitions collectives mais dans le même temps réduit les moyens de la prévention jeunesse dans les quartiers populaires de Troyes.
Quid du sentiment d’abandon dans nos quartiers populaires ? De la disparition des services publics les uns après les autres ? Elles sont là les véritables problématiques. Se dédouaner en jetant l’opprobre sur des familles qui souvent sont en difficultés en plus d’être honteux est complètement inefficace.
De vraies solutions existent : redonner les moyens à la prévention jeunesse, créer des postes d’éducateurs, donner les moyens aux missions locales pour que les jeunes puissent avoir accès à l’insertion dans l’emploi. Il est aussi indispensable de donner plus de moyens pour l’éducation, dans les collèges en Rep ou Rep+ le manque de moyen est criant et de nombreuses places de profs sont vacantes.
Enfin, un vrai service public de la police est indispensable : une police républicaine afin de restaurer le lien de confiance police/population. La tranquillité publique nécessite de refonder de l’organisation des forces de police et la redéfinition de leurs missions, d’agir pour sauver du naufrage les institutions judiciaire et carcérale.Il faut sortir de la logique répressive ! Il faut plus de fonctionnaires et mieux formés.
Voilà à quoi devrait ressembler un plan de mesures contre les violences urbaines. À Troyes comme ailleurs surfer sur la vague répressive uniquement pour répondre à des visées électoralistes ne règlera aucun problème, pire cela les aggrave.
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