L’Observatoire fiscal européen vient de nous apprendre que les grandes entreprises ont transféré l’année dernière 1 000 milliards de dollars vers les paradis fiscaux mondiaux. 1 000 milliards de dollars, 950 milliards d’euros, somme abracadabrantesque qui correspond au PIB cumulé du Danemark et de la Belgique. Elle est aussi égale au triple des recettes du budget de la France. Le rapport rapporte que les milliardaires ont un taux effectif d’imposition compris entre 0 et 0,5%, en raison de l’utilisation sans parcimonie de sociétés-écrans pour éviter tout le cinéma de l’impôt sur le revenu. Notre gouvernement a la phobie de l’impôt. Il s’ingénie continûment à les baisser, rognant ainsi lui-même ses propres recettes. Cette concurrence fiscale entre les états est désastreuse et vide les caisses des budgets nationaux. L’argument libéral qui pointe qu’il y a évasion fiscale car les impôts sont trop élevés ne tient pas la route : malgré la baisse constante des prélèvements et cotisations sur les entreprises, la fuite des profits se poursuit et son volume ne cesse d’augmenter. Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, explique que son gouvernement est très mobilisé sur le sujet. Pourtant, la majorité a fait adopter un amendement visant à alléger les impôts des grandes fédérations sportives internationales (style FIFA) afin de les attirer à Paris. En effet, ils sont mobilisés… Et la ministre de préciser : « Nous voulons être intraitables contre les écornifleurs qui pratiquent la fraude sociale. » Écornifleur, joli mot, fleuri, mais visiblement le pouvoir a en vue une autre cible.
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