International - Proche-Orient
Le dirigeant palestinien le plus populaire est en prison depuis plus de vingt ans. Il pourrait pourtant détenir la clé de la résolution du conflit, alors qu’Israël se satisfait de l’impasse politique créée par la présence du Hamas à Gaza, et de l’impuissance d’une Autorité palestinienne discréditée.
Dans l’horreur qui se dessine chaque jour un peu plus depuis bientôt quatre semaines au Proche-Orient, la réponse militaire israélienne au terrible attentat terroriste du Hamas ajoute de la guerre à la guerre, du chaos au chaos, des morts aux morts. C’est à la fois le symptôme de l’échec d’une solution politique et en même temps le déni de celle-ci.
Les va-t-en-guerre répètent à l’envi qu’il y a deux camps irréconciliables et qu’aucune figure majeure n’émerge pour faire la paix. Affirmation réductrice, car la paix est une construction politique avec, justement, celui qu’on considère comme son ennemi. Côté israélien, la figure de paix est, de manière contre-intuitive, souvent venue des rangs de l’armée. Côté palestinien, une personnalité connue de tous, emprisonnée depuis vingt et un ans parmi les plus de 5 000 prisonniers politiques palestiniens enfermés dans les geôles israéliennes, incarne une dynamique politique et une perspective de paix.
Une personnalité porteur d’une solution à deux États côte à côte.
Député du Conseil législatif palestinien, favori des enquêtes en cas d’élection, Marwan Barghouti est ce dirigeant. Pourquoi cet homme ? Fidèle aux convictions du mouvement national palestinien, critique des impasses de l’après-Oslo, il a montré à plusieurs reprises qu’il pouvait porter la dynamique d’une solution à deux États, israélien et palestinien, dans l’architecture des résolutions onusiennes et des frontières de 1967.
Actif dès ses années étudiantes dans les mouvements de résistance à l’occupation israélienne, ce responsable politique a cette capacité à faire dialoguer les forces palestiniennes, voire à les fédérer, comme l’illustrent ses appels réguliers à l’unité politique lancés depuis sa geôle.
Bien que le sort de Marwan Barghouti soit toujours bloqué par les autorités israéliennes en cas d’échange ou de libération de prisonniers, les diplomates et connaisseurs de la situation proche-orientale savent qu’il est une partie de la solution politique, lui valant la qualification de Mandela palestinien.
La libération de Marwan Barghouti ne prendrait tout son sens qu’avec la libération de tous les autres prisonniers politiques palestiniens, et ouvrirait un nouveau chapitre d’une perspective politique crédible. Les défenseurs sincères d’une paix juste et durable doivent se mobiliser autour de cet espoir.
La fédération de l’Aube du PCF n’a pas appelé au rassemblement « pour une paix juste et durable » organisé à Troyes le 28 octobre dernier. Il était impossible pour les communistes aubois d’appeler à un rassemblement pour la paix qui refusait sciemment de qualifier le Hamas d’organisation terroriste, renvoyant dos à dos les deux parties en qualifiant leurs actes de « crime de guerre », voyant même à travers les actes du Hamas, « la résistance du peuple palestinien ».
Le leader palestinien Marwan Bargouthi, chef du Fatah, (Mouvement de libération national de la Palestine dont les militant-es sont pourchassés et assassinés par le Hamas) dont nous faisons notre Une, emprisonné depuis plus de vingt ans dans les geôles Israéliennes n’apprécierait sans doute pas cette posture bassement électoraliste de l’extrême gauche française et principalement de LFI. Cette attitude clivante et contre-productive empêche dans de nombreux départements le rassemblement de l’ensemble des femmes et des hommes de notre pays qui veulent agir pour la paix au Proche-Orient. Nous ne nous en laissons pas conter.
JPC
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