La guerre au Proche-Orient fait couler beaucoup de sang. Et d’encre teintée de haine. Son récit, souvent biseauté par les « intérêts supérieurs » des belligérants, trouve un écho amplifié particulièrement sordide dans l’entonnoir des réseaux sociaux et, de manière plus intolérable, des médias, notamment en continu. La hâte est minutée pour faire sensation et attiser passions et pulsions, au grand dam du temps de vérifier les sources et les faits d’une information aux apparences manifestes d’une authenticité qui reste pourtant à démontrer. La nébuleuse du Web, elle, relaie sans filtre et subjectivement, via ses canaux porteurs, YouTube, TikTok, Facebook ou Twitter (devenu X), les propagandes les plus cruelles, les plus fausses. Dans la tragédie des guerres multiformes que se livrent des États ou des mouvements et organisations aux idéologies extrémistes, ou, moins pire, rétrogrades, mais aussi au quotidien de nos sociétés par l’apologie des fanatismes et de la violence.
Ces supports sont régulièrement montrés du doigt pour leur propension à développer des addictions dont sont même affectés beaucoup d'hommes et femmes politiques, qui tweetent plus vite que leur ombre leurs éructations compulsives primaires. Les plus « affranchis » sont ainsi accros, à l’instar des jeunesses captives, élevées au biberon de la sphère connectée ; pour le meilleur comme le pire. Ce phénomène, aujourd’hui, a échappé à toutes les règles de la déontologie des médias. La politique use trop immodérément du tweet, du raccourci, du bon mot qui satisfait impulsivement, aux unes et aux uns, leur égotisme, et astique leur image-miroir. « Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites ! Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes. Tout, la haine et le deuil ! » écrivait Victor Hugo*.
* « Toute la Lyre » (1888)
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