« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », a écrit Albert Camus. Alors, efforçons-nous de bien nommer l’effroi que le monde vit. Il en va de la rationalité du débat public. Le Hamas est un groupe terroriste indifférent au sort des Palestiniens. Son objectif : rayer Israël de la carte. Dans les kibboutz de Kfar Aza, de Beeri et ailleurs, il ne s’est pas rendu coupable de « crimes de guerre » : il a perpétré des pogroms. Soutenir le peuple israélien dans cette tragédie, ce n’est pas soutenir la politique de droite extrême de Netanyahu. Et encore moins approuver la répression collective des habitants de Gaza qu’il a décidée. On n'agit pas comme son ennemi en s’en prenant aux civils innocents. La meilleure réponse à la barbarie, c’est la civilisation.
2023 marque le grand retour de la pensée génocidaire. Celle du Hamas, mais pas seulement. Dans l’indifférence quasi générale, Aliev, le président de l’Azerbaïdjan (allié de Netanyahu), a chassé plus de 100 000 Arméniens de leurs terres, en Artsakh. Cela porte un nom : épuration ethnique. Dénonçant à juste titre le siège de Gaza, l’ONU n’a pas pipé mot sur celui subi par les Arméniens. N’était-il pas pourtant lui aussi « contraire au droit humanitaire international » ? Il faut malheureusement le constater : les indignations de notre époque sont à géométrie variable. Et de plus en plus éphémères. On ne parle plus qu'en pointillés de l’invasion de l’Ukraine. Bien que certains voient la main de « poutinistes », parmi d’autres, derrière l’attaque du Hamas. Poutine qui invoquait une guerre contre le « régime néo-nazi » de KIev. Vous avez dit : « nazi » ? Les candidats à cette appellation ne manquent pas en ce moment. L’anachronisme est tentant car le passé et le présent semblent aujourd'hui s’entre-dévorer.
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