Romilly - Conseil Communautaire/Conseil municipal
Le Conseil Communautaire et le Conseil municipal se sont réunis à quelques jours d’intervalle. L’occasion pour Fethi Cheikh, élu communiste, d’interpeller une nouvelle fois les élus des deux assemblées sur le dossier chaud du multiplex et du cinéma L’Eden.
On a pu constater une différence notable de sérénité dans les débats selon qu’Éric Vuillemin était présent ou pas ! À la Communauté de Communes où il était absent nous avons assisté, sur la question du multiplex, à des échanges apaisés où chacun a pu développer ses arguments dans un climat d’écoute mutuelle, sans tension ni échange virulent.
Fethi Cheikh a rappelé tout d’abord «… que les engagements de réindustrialisation de notre bassin d’emplois pris dans le cadre du contrat de site signé entre l’État et les collectivités territoriales n’étaient pas respectés alors que plus de 10 millions d’euros de fonds publics avaient été injectés » et de préciser « L'évidence crève les yeux : à quelques exceptions près, l'emprise de l'ancien aérodrome est devenue une zone quasi exclusivement commerciale. Pire, elle a été l’aspirateur qui a nettoyé le centre-ville de Romilly de nombreuses activités, services et commerces qui y étaient implantés. »
À cette interpellation Jérôme Bonnefoi, vice-président, a bien tenté une explication en prétendant que l’emploi était bien au rendez-vous sur cette zone, mais en omettant bien évidemment, de souligner que les 700 à 800 de ces emplois étaient auparavant dans le coeur de ville de Romilly. Au fil des échanges Fethi Cheikh a insisté sur le fait que le Parc de l’aérodrome, comme le prévoyait le contrat de site, avait besoin d’usines plutôt que d’un multiplex. S’il se réalise ce sera à la place d’une usine qui devait créer 110 emplois. À ce sujet soulignons encore que celle dont l’ouverture était annoncée par les responsables de Sorodi/Leclerc pour janvier 2023, avec à la clef 25 emplois spécialisés dans la découpe de tôle, n’a toujours pas vu le jour.
En conclusion des débats de la Communauté de Communes, Fethi Cheikh a tenu à s’adresser aux élus communautaires « Vous êtes ici, les représentants des populations de vos communes, vous êtes ici les garants de l'intérêt collectif et non les serviteurs d'intérêts privés. Écoutez la population, entendez les 5 600 signataires de la pétition de l'Association qui s'est créée pour défendre le cinéma L’Eden. La culture n'est pas une marchandise mais un bien collectif. Non, la culture ne se marchande pas ! Non, la culture n'est pas à vendre… »
Au Conseil municipal, Éric Vuillemin fauteur de troubles.
La séance du Conseil municipal était présidée par le maire Éric Vuillemin. D’emblée, il a provoqué la quarantaine de membres du collectif de défense du cinéma à L’Eden en refusant de leur donner la parole comme le lui avait proposé Fethi Cheikh.
L’assistance apostrophée a tout de suite compris que le maire voulait « noyer le poisson » afin d’éviter un débat sérieux sur l’avenir de l’activité cinématographique à L’Eden, en se lançant dans un long plaidoyer sur la restructuration du bâtiment en Pôle culturel. Et comme si cela n’était pas suffisant le maire a voulu interdire la parole aux élus de l’opposition de gauche.
Les réactions furent vigoureuses, tout d’abord Fethi Cheikh qui a bondi de sa chaise pour rappeler au maire « Nous sommes des élus de la République, il est inconcevable qu’on ne s’exprime pas, les gens en ont marre de votre mépris… » Et puis il y a eu celles du public qui ne supportait pas ce déni de démocratie. Éric Vuillemin a dû donc faire marche arrière en acceptant le débat sur l’avenir du cinéma à L’Eden.
Pour autant, le maire est resté arc-bouté sur son projet d’arrêt de l’offre cinématographique à L’Eden pour livrer les 70 000 entrées annuelles au promoteur du multiplex car sans cette cible le multiplex n’atteindrait pas ses objectifs de rentabilité.
De son côté Fethi Cheikh au nom des élus de l’opposition de gauche a martelé avec force que le meilleur moyen de sortir de cette situation était « la démocratie » en donnant la parole à la population. Proposition qu’il avait faite dès la réunion de la Communauté de Communes du mois de juin actant la vente du terrain au promoteur privé. « Organisez un débat citoyen ratifié par un vote des habitants ou les pour et les contre pourraient ainsi s’exprimer, n’ayez pas peur de la démocratie » souligna-t-il. Il a rappelé au maire sa promesse d’avant les municipales de 2020 « tant que je serai maire L’Eden restera cinéma ». Éric Vuillemin n’avait donc pas reçu mandat des électrices et électeurs pour fermer l’activité cinématographique de cet équipement public.
Une majorité municipale secouée.
Le dossier de L’Eden n’est pas sans faire des remous au sein de la majorité municipale. Adam Da Mota, qui fin juillet a renoncé à sa délégation et quitté la majorité mais pas le Conseil municipal, dit avoir «… été confronté à des attaques verbales et à des menaces physiques de la part d’un autre élu… parce que je participais au débat et que j’ai eu le malheur de penser différemment que l’orthodoxie municipale ». Il a tenu à rappeler au maire que « le programme pour lequel nous avons été élus en 2020 comprenait la modernisation du cinéma L’Eden » donc pas sa fermeture.
En effet le dossier met en évidence la méthode d’Éric Vuillemin dans la gestion des affaires municipales, l’autoritarisme, des décisions prises on ne sait pas où ? et avec qui ?
Et maintenant il n’y pas que les élus de l’opposition de gauche pour le dénoncer car à ce Conseil un autre membre de la majorité, conseiller municipal et communautaire M. Gilles Mathieu qui dans une déclaration virulente à l’égard d’Éric Vuillemin a tenu aussi à dénoncer « Je suis choqué des menaces et caricatures provenant du président-maire que je reçois régulièrement » et d’ajouter «…être trop souvent mis devant le fait accompli, n’avoir que deux heures pour réfléchir sur un dossier au motif que nous sommes des balances…». Depuis il s’est vu retirer la délégation de vice-président en charge de développement économique. Affaire à suivre…
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