Aube - Précarité
Le département de l’Aube n’y échappe pas ! Derrière le cri d’alarme des Restos du Coeur et du Secours Populaire, pointe le désarroi des associations d’aide alimentaire, confrontées à une hausse sans précédent de la demande et à une baisse de leurs moyens.
C’est une situation qui illustre les choix politiques de l’exécutif. Alors que les indicateurs de croissance d’emploi se maintiennent, les associations ne parviennent plus à faire face à l’afflux de personnes en besoin d’aide alimentaire. Le 3 septembre, les Restos du Coeur ont tiré la sonnette d’alarme, les premiers : 170 millions de repas ont déjà été distribués cette année, contre 142 millions l’année dernière entière, déjà en hausse par rapport à 2021.
Les Restos contraints de durcir les critères d’accès à l’aide.
Dans l’Aube le nombre de repas servis est en hausse de 39% (570 742 contre 793 251 cette année.) pour la 1ère fois la campagne d’été a été supérieure à celle d’hiver 7423 repas contre 7236 alors que les conditions pour recevoir une aide en été sont plus restrictives qu’en hiver, explique Jean Michel Richard, le Président aubois des Restos du Coeur. Aujourd’hui, toutes les catégories d’âge sont concernées : « des bébés aux retraités en passant par ceux qui ont un emploi et pensaient être à l’abri », alerte le responsable national des Restos. Coincée entre cette accélération et l’augmentation des prix de fonctionnement, l’association pourrait « mettre les clés sous la porte d’ici trois ans », si rien n’est fait, a-t-il prévenu. D’ores et déjà, les Restos sont contraints de durcir les critères d’accès à l’aide, au risque d’en exclure 150 000 personnes.
À des degrés divers, toutes les associations qui font de la distribution alimentaire sont confrontées à la hausse conjointe des coûts et du nombre de bénéficiaires. En mai, déjà, une étude du Crédoc estimait que 16 % des Français ne mangeaient pas à leur faim, contre 12 % l’année précédente. En cause, la hausse des prix des denrées alimentaires, dont l’inflation a atteint en août 12,7 % de plus qu’en 2022. En dehors d’une vague promesse, début septembre, du blocage des prix de 5 000 produits, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire s’est contenté de demander aux distributeurs de faire un effort. La hausse des prix de consommation courante est pourtant, pour l’essentiel, alimentée par l’explosion des profits, a rappelé l’association 60 Millions de consommateurs.
Des salariés qui ne peuvent plus joindre les deux bouts viennent aussi.
Le Secours Populaire fait le même constat. Dans l’Aube on note une augmentation de 25% du nombre de bénéficiaires. Désormais : « des salariés qui ne peuvent plus joindre les deux bouts viennent aussi nous voir. Nous les recevons en priorité dès 13h30 avant qu’ils ne repartent travailler » C’est l’autre facteur nouveau que déplorent les responsables aubois de l’association.
La précarisation accrue du travail, avec la multiplication des temps partiels, CDD et autres statuts d’autoentrepreneur. « On n’a jamais eu un taux de chômage aussi bas, mais la pauvreté continue de gagner du terrain et touche les classes moyennes basses. Cela pose problème aux associations. On fait de l’aide humanitaire. On est là pour aider des gens qui ont eu des accidents de la vie, qui ont été sortis du système, pas pour compléter des dispositifs Pôle emploi ou pour aider des salariés embauchés à temps partiel », à déploré sur France Culture un responsable du Secours Populaire. Les attaques du gouvernement contre les garanties offertes par l’assurance-chômage, tout comme l’imposition de règles de plus en plus drastiques pour l’obtention du RSA participent à l’appauvrissement croissant des plus précaires.
Après l’appel des Restos, la ministre des Solidarités, Aurore Bergé, s’est invitée au journal du soir de TF1 pour annoncer une rallonge de 15 millions. « Dix étaient déjà sur la table ! » ont tempéré les associations qui constatent même une baisse de la participation de l’État. Coluche aurait certainement déclaré : « Le monde d’après on l’aurait imaginé avec moins de pauvres. » E. Macron a tenté de nous le faire croire après la crise du covid, on avait souri...
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