Mémoire
Chaque année, la ville de ROMILLY, à l’initiative de l’ANACR-Romilly-Nogent, honore ses 15 martyrs fusillés à Creney le 22 août 1944. C’est la présidente Rolande Barthélémy qui prononça l’éloge dû aux Résistants.
Elle excusera d’abord Ginette Collot, aujourd’hui âgée de 97 ans, la dernière Résistante de Romilly et relatera comment la Gestapo repliée de Rennes fit irruption dans la prison pour en désigner 49 prisonniers et les conduire au champ de tir de Creney. À ce sujet, il est bon de rappeler que ces martyrs ne furent pas désignés par hasard. La liste avait été fournie par la Gestapo de Troyes (Hellenthal et Ochs), Elle comportait 50 noms de Résistants FTPF et Commando M, Ochs prétexta qu’il n’avait fourni la liste au colonel Pulmer de Rennes que dans le but de présenter ces prisonniers au tribunal. Argument fallacieux puisque le tribunal avait lui aussi filé avec les bagages de la Gestapo.
Cet éclairage obtenu au procès de Metz, permet de comprendre que l’hypothèse d’un massacre de toute la prison (167 détenus) me semble à écarter. Les SS et le groupe des Bretons du Bezen Perrot, dont l’ignoble présence a été rappelée par Rolande Barthélémy, venaient pour éliminer les Résistants désignés comme tels par Hellenthal et Ochs.
Quand on examine la biographie les 15 martyrs romillons, ils sont tous de la compagnie France créée par Hubert Jeanson, tous arrêtés après l’attaque du maquis de Rigny et après dénonciation par le traître Albert Lecourt.Tous Résistants, tous engagés dans la défense de la patrie et comme le raconte l’oratrice : « Il était 17 heures. Là, on fit asseoir les 49 détenus au bord de 3 tranchées, et les SS passèrent derrière eux pour les cribler de balles avec leurs mitraillettes. Ils seront achevés au revolver par ces criminels. Un crime de guerre à tout jamais impuni ! » Le maire et le curé de Creney, Fernand Pierlot, ainsi que de nombreux habitants du village se rendirent sur les lieux du massacre, pour tenter d’identifier les victimes afin de pouvoir rendre leurs corps aux familles.
Au cours des jours qui suivirent, l’abbé Pierlot (Résistant et membre du FN de l’époque : le vrai) et quelques habitants de Creney, mal armés, firent prisonniers des Allemands qui, par groupes de trois ou quatre, battirent en retraite en empruntant la D.90 qui traverse leur commune. Ils s’emparèrent ainsi le 25 août, de 86 prisonniers allemands, dont le général Von Schramm et son état-major.
Quant aux 7 salopards bretons qui connurent des fortunes diverses, ils ne furent pas condamnés pour ce crime et certains trouvèrent refuge dans des pays compatissants. Quant à Helmut Pulmer il finira par être inquiété en 1974 (!) mais l’enquête lui permettra de mourir en paix en 1978, dit Françoise Morvan qui fit une conférence pour l’Upopaube à propos du Bezen Perrot.
Les noms des 15 martyrs furent évoqués dans ce discours. Les 15 jeunes patriotes Romillons massacrés à Creney le 22 août 1944 se nommaient : André Ben Ahmed, Robert Chauve, André Chouard, Jean Darce, Marcel Gousserey, Bernard Grimmer, Lucien Guichard, Marc Guignard, Jean Laloy, Raymond Legendre, Jean Pierrard, Hubert Prillieux, Louis Valli, Roland Vaudez, Georges Vincent. Sans oublier Hubert Jeanson capitaine FTPF, massacré ce même jour à Creney, a qui nous rendons hommage tous les ans à Baudement. Ben Ahmed habitait Saron sur Aube et Jeanson Baudement.
Rolande Barthélémy conclut en rappelant que le combat pour la paix et la démocratie n’est jamais définitivement gagné. L’extrême droite n’est-elle pas en effet à nos portes, en Italie, en Hongrie, en Espagne, en Allemagne même. La France souffre de la même maladie. Rester vigilant ne suffit pas. Il faut combattre ses idées dangereuses.
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