C'est la mauvaise surprise des élections primaires en Argentine avant la présidentielle d’octobre prochain. Ancien joueur de foot reconverti en économiste, élu député il y a deux ans, Javier Milei a obtenu 30,6% des voix, arrivant en tête à deux mois du vote. Personnage lunaire et protéiforme, arlequin bigarré extrême droite, ultralibéral, conservateur et libertarien, Milei se dit « anarcho- capitaliste ». Défroque d'un hurluberlu, idolâtre de Trump et de Bolsonaro, qui veut réduire le rôle de l’État au minimum ; qui est contre le salaire minimum, de 351 euros par mois depuis le 1er juillet, dans un pays où l'inflation moyenne de l'année devrait frôler 150%. Il veut libéraliser la vente d’armes, privatiser le don d’organes, remplacer le peso argentin par le dollar et supprimer la Banque Centrale d'Argentine. Il prévoit, selon ses propres termes, un « plan tronçonneuse » pour les services publics. « Les échecs du marché, ça n’existe pas », a-t-il martelé au Financial Times. Il veut aussi ré-interdire complètement l'avortement légalisé en 2020.
Un journaliste, auteur d'une monographie, l'a titrée « El Loco » (Le Fou). À la mort de son chien, il a fait faire un clonage qui lui a donné six chiens. Un des chiots, mort, fait désormais office pour Milei de « canal de lumière », qui croit pouvoir par ce biais entrer en contact avec des économistes de renom et d'outre-tombe : château branlant. Le « tsunami » Milei, sur qui peu auraient parié un kopeck, inquiète. On sait comment l'Amérique du sud, avec Pinochet au Chili et l'argentin Videla a servi d'expériences in vivo de l'ultra-libéralisme des Friedman et von Hayek. Le Capital a plusieurs fers au feu. Tout lui est opportunité conjoncturelle. Le parti de Milei s'appelle « Libertad Avanza » (La liberté avance). Fous aussi ceux qui le croient.
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