Urgence climatique
Tristesse, colère, fatalisme... Les 16-25 ans ressentent de l’anxiété, souvent de manière violente, à l’idée de la fin d’un monde où les ressources étaient vues comme infinies. Face à la crise climatique et environnementale, l’«écoanxiété » témoigne d’un sentiment d’impuissance qui peut paralyser ou pousser à l’action.
Depuis la crise du Covid et la multiplication des rapports du Giec, le terme d'« écoanxiété » a fait son apparition dans le débat public. Médecins et psychologues tirent la sonnette d’alarme. Une partie de la population souffre de pensées obsessionnelles, de troubles comportementaux, rongée mentalement par les menaces apocalyptiques de dérèglement climatique.
L’écoanxiété est le témoignage d’une société en proie à un vaste mal-être.
Le phénomène n’est pas anecdotique. Et concerne avant tout la jeunesse, dont 74 % des 16-25 ans, en France, jugent l’avenir « effrayant ». Chiffre sidérant pour une génération en plein doute dont l’absence d’horizon suscite stress et parfois désespoir. L’un des pièges de l’écoanxiété serait d’y voir une pathologie de notre temps. Et de la cantonner à une simple question de santé publique. Or, la réponse n’est pas - que - médicale mais surtout politique. L’écoanxiété est le témoignage d’une société en proie à un vaste mal-être.
Une angoisse nourrie par un sentiment d’impuissance face à l’inertie de gouvernants, souvent plus âgés, qui n’ont pas forcément intérêt à changer un système qui leur est favorable. Cette « angoisse signal » est le symptôme d’une prise de conscience de la gravité des faits. Une forme de lucidité devant une menace que d’autres relativisent à outrance, voire ignorent. Ce phénomène devrait interpeller nos dirigeants. Face à cette détresse écologique, nombre de jeunes trouvent une réponse dans le débat et les actions collectives de désobéissance civile, comme celles menées par Extinction Rebellion, entre autres. Jusqu’ici, la réplique du gouvernement, sous la baguette de Gérald Darmanin, a été simple : criminaliser ces manifestations, les discréditer à coups d'« écoterrorisme » pour mieux étouffer la contestation et braquer l’opinion publique contre elles.
Et pour cause : tous les experts s’accordent et le disent : la question écologique est géopolitique et sociale. À l’échelle de la planète, les 10 % les mieux nantis émettent autant de gaz à effet de serre que la moitié de la population mondiale. Sans doute n’a-t-on pas l’habitude de le formuler ainsi, mais le combat pour le climat et l’environnement est aussi un combat de classe.
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