Politique
« Les propos du directeur général de la police nationale - "Avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison"-, à la suite de l’incarcération d’un policier accusé de violences sur un jeune Marseillais, sont inadmissibles. Elles ne sauraient être laissées sans réaction dans notre République, fondée sur le respect de l’État de droit et de la séparation des pouvoirs. »
« La prise de position du premier responsable de nos forces de police, suivie de celle du préfet de police de Paris, loin de permettre le rassemblement de la nation en des heures difficiles, ouvrent la voie à toutes les surenchères. Seuls les pires ennemis de la démocratie en tireront avantage. Déjà, le communiqué des syndicats Alliance et Unsa-Police avait manifesté l’existence de tentations séditieuses dans une partie de l’institution policière. Les déclarations de deux des plus hauts responsables de la police nationale les aggravent.
Nous sommes conscients des difficultés qu’affrontent les policiers, au quotidien, du fait notamment d’une politique gouvernementale qui creuse profondément les fractures de notre société. Comme l’immense majorité des Français et des Françaises, nous les soutenons lorsqu’ils doivent mener des missions essentielles à la protection de nos concitoyennes et concitoyens. Mais nous attendons aussi de nos forces de sécurité et de leur hiérarchie qu’elles respectent les règles liées à leur fonction. Les cas de violences policières comme de racisme n'ont pas leur place dans notre police nationale.
C’est pourquoi ce travail difficile, indissociable d’un devoir d’exemplarité de tous les policiers, ne saurait justifier que de hauts fonctionnaires, rompant avec leur obligation de réserve, prétendent dicter ses décisions à la justice. Nul citoyen ne saurait se placer au-dessus des lois de la République. »
Ce communiqué du PCF évoque le potentiel politique délétère des déclarations du responsable de la police et du préfet : ouvrir « la voie aux surenchères » venant des « pires ennemis de la démocratie ».
Repasser des « forces de l'ordre » aux « gardiens de la paix »
L'Histoire nous le montre : les régimes fascistes commencent par donner à la police des pouvoirs spéciaux destinés à mater toute forme de rébellion ou même de contestation. Mussolini avait d'ailleurs presque entièrement éradiqué la Mafia en 1943, non pas par morale, même pas pour lutter contre l'économie parallèle, mais parce qu'il ne pouvait pas y avoir à ses yeux d'autre pouvoir, d'autre ordre dans l'État que ceux qu'il avait mis en place. Et ce pouvoir policier passait par la légitimité de la violence, des assassinats, en particulier politiques, puisque la finalité était l'ordre.
Il ne serait donc pas inutile de repasser des « forces de l'ordre » aux « gardiens de la paix » car les mots ont un sens et en ces temps troublés très propices aux tentations politiques autoritaires, il est bon de rappeler, puisque nous sommes encore en démocratie, que nul n'est au-dessus de la loi et que la paix sociale ne s'obtient pas par un ordre forcé.
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