Mémoire
Le 13 juillet 2023 le PCF a déposé une gerbe devant la plaque commémorant le crime d'État du 14 juillet 1953, place de la Nation à Paris.
Depuis 1935, toute la gauche politique et syndicale manifeste le 14 Juillet pour honorer la Révolution française et faire part de ses revendications, un peu comme un 1er Mai. Après la guerre cela repart et à partir de 1950, avec leurs propres revendications, les nationalistes algériens du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), vitrine légale du Parti du peuple algérien, décident de se joindre aux défilés du mouvement ouvrier français.
Une manifestation pacifiste
Les manifestants estimés entre 16 000 et 20 000, dont 6 000 à 8 000 Algériens, défilent avec musique et danses. Dans la manifestation, on entend les slogans : « Libérez Henri Martin ! » ou « Paix en Indochine ! ». Des perturbateurs d'extrême droite, dont des parachutistes, sont repoussés. Les Algériens défilent derrière le portrait de leur dirigeant Messali Hadj et sont encadrés par un service d’ordre repérable à ses brassards verts.
Alors que le cortège arrive place de la Nation, où la manifestation prend fin, la police charge les Algériens pour essayer de retirer le portrait, en tête de leur défilé, mais ils ne se laissent pas faire et se servent des barrières de sécurité pour se défendre. Les policiers, en nombre inférieur, sortent alors leurs armes et tirent. En moins d'une demi-heure il y a des dizaines de blessés et sept morts. Six Algériens et un Français, membre du service d'ordre de la CGT.
Simulacre de procès
Le juge qui menait l’instruction a écarté assez rapidement tous les témoignages des manifestants en disant qu’ils étaient confus. En revanche, il prend tous ceux des policiers en relevant uniquement les aspects d’agression de la part des Algériens. Dans le débat public du 16 juillet 53 à l'Assemblée nationale, les Algériens ne sont pas accusés d’avoir utilisé des armes à feu, mais le ministre de l'Intérieur ose reprendre la formule d'un des policiers :« Si leurs yeux avaient été des mitraillettes, nous aurions été tués », pensant justifier ainsi la légitime défense... Albert Camus écrivit à ce propos : « les victimes du 14 juillet ont été un peu tuées aussi par un racisme qui n’ose pas dire son nom ».
Aujourd'hui, alors que l'extrême droite multiplie les appels à la haine contre les migrants et nos compatriotes d'origine étrangère, le PCF n'entend pas laisser l'oubli s'installer, car le racisme et la xénophobie conduisent au crime.
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