La France, triturée selon les exigences du capitalisme, n’a-t-elle pas atteint un point de bascule ? Un moment où le rejet grandissant des politiques ultralibérales guide le pouvoir vers un autoritarisme renforcé ? L'appellation « d’extrême centre », s’agissant de la nature du macronisme ne signifie sûrement pas qu'il serait en position centrale sur l’échiquier politique. Non, mais « l’extrême centre » a une histoire. C'est, pour l’historien Pierre Serna*, les modes de gouvernement en France des régimes de l’Empire et du Directoire : « l’intolérance à tout ce qui ne cadre pas avec un juste milieu arbitrairement proclamé ». Et, précise l'historien britannique, Tariq Ali, c'est le pas de deux où « centre-gauche et centre-droit s’entendent à préserver le statu quo ».
L’aiguisement des contradictions entre le capital et le travail, entre les intérêts d’une petite caste et l’intérêt général, a fait des « cent jours d’apaisement » de Macron un Waterloo. Celles et ceux qui se sont levé.e.s dans les quartiers populaires ces derniers jours ne supportent plus leur situation de paupérisation permanente, les relégations, les discriminations, le racisme, les humiliations, le mépris. Alors qu'en 2005, Chirac avait reconnu les jeunes participants aux émeutes comme les « enfants de la République », le Républicain Retailleau – parmi d'autres – fait montre de son écoeurante intime pensée à leur propos.
Les forces de transformation sociale ont le devoir de bloquer ce point de bascule qui, au nom d'un pseudo combat contre les idées d’extrême droite, les reprend à son compte. C’est d'un autre basculement, à chercher ensemble dans l’unité populaire et citoyenne, dont nous avons besoin.
* Pierre Serna : « L’Extrême centre ou le poison français, 1789-2019 » Champ Vallon, 2019.
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