Environnement
Dans un rapport publié mardi, le Réseau action climat entend défendre une diversification des productions agricoles pour répondre aux crises à venir.
Vagues de chaleur, pénuries d’eau, inondations … « 62 % de la population sont exposés de manière forte ou très forte aux risques climatiques. La situation affecte particulièrement l’agriculture, déjà touchée par une série de difficultés économiques ». « Toute déstabilisation du marché menace la sécurité alimentaire mondiale, dont celle de la France », alerte à ce propos le rapport.
Diminution des rendements dans un modèle agricole qui va dans le mur
Les deux organismes pointent la diminution des rendements et un modèle agricole qui n’est plus adapté. Face à cette myriade de crises et de risques qui pèsent sur la production agricole, l’étude propose de passer au modèle d’agroécologie. Basé sur une diversification des productions et une conduite économe et autonome, il devrait permettre d’atténuer le changement climatique, tout en s’adaptant à ses conséquences.
Meilleure capacité de rétention d’eau des sols, résistance plus importante aux maladies, régimes plus sains et variés, hausse des revenus des producteurs… cette alternative serait, note le rapport, « le plus résilient sur le long terme face aux crises économique et climatique ».
L’agroécologie passe aussi par un usage réduit de l’eau et des engrais, et tente d’éviter la dépendance énergétique en fioul, électricité ou transports. Dans le même temps, ce modèle entend utiliser des moyens de substitution, comme se servir de « la capacité des légumineuses à capter de l’azote pour limiter l’utilisation d’engrais azotés ».
Associer élevage et culture
La diversification des productions dans un système agroécologique peut prendre plusieurs formes : prairies temporaires, parcelles plus nombreuses et plus petites, association entre élevage et culture. Diversifier les cultures et les faire cohabiter génèrent une production qui nécessite moins d’intrants, comme les pesticides, permettant dans le même temps de faire des économies. Et c’est loin d’être le seul avantage. Le rapport souligne que « grâce à la variété de profondeur des racines », cela facilite « la capacité d’infiltration de l’eau dans le sol et améliore ainsi la disponibilité en eau ».
Enfin, la mise en place de parcelles plus petites et plus variées attire la biodiversité, qui « fournit des ressources alimentaires et des abris à une grande variété d’animaux tels que les insectes auxiliaires de culture, les pollinisateurs ou encore les oiseaux, et améliore la capacité de résistance des cultures aux aléas climatiques ».
Favoriser les circuits courts
Mais, attention ! Associé à des enjeux sociaux, le modèle de l’agroécologie ne fonctionne que si les différentes pratiques sont appliquées collectivement dans un ancrage territorial. Les échanges sont en ce sens au coeur de cette agriculture.
D’abord, des échanges entre les fermes, qui ont comme objectif de permettre aux agriculteurs « de se réapproprier les connaissances agronomiques », donc de « gagner en autonomie de décision ». Ensuite, les échanges avec les consommateurs, favorisant, entre autres, la mise en place de circuits courts autour de marchés et
de boutiques paysannes. En retour, ces circuits de proximité participent à l’économie du territoire en créant des emplois et en permettant une meilleure rémunération.
Entre 1981 et 2010, on évalue entre 9 à 10 % la perte de la production totale de céréales du fait de la sécheresse. Une situation qui, si elle perdure, pourrait causer une baisse de la production européenne de céréales de l’ordre de 1,1 million de tonnes d’ici à 2032. C’est-à-dire demain.
© 2024 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY