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La politique étrangère d’Emmanuel Macron semble être l’un des mystères les plus épais de la géopolitique mondiale. Il y a un an, le chef de l’État appelait à ne pas « humilier la Russie ».
À la veille du sommet de l’Otan, qui s’est ouvert à Vilnius, il se montrait l’avocat le plus zélé d’une adhésion de l’Ukraine à l’organisation atlantiste, survivance de la guerre froide, ce qui reviendrait précisément, si ce n’est à humilier Moscou, tout au moins à lui donner le sentiment de l’acculer. Ce changement de pied radical s’applique également à l’Union européenne - avec cet appel à « accélérer » l’adhésion de l’Ukraine -, en rupture avec l’attitude des présidents français depuis la chute du mur de Berlin.
l’action diplomatique contrainte par le choix de Nicolas Sarkozy
Cela relève-t-il du changement de cap ou de la navigation à vue ? Nouvelle stratégie ou adaptation tactique ? S’il faut attendre les prochaines sorties présidentielles pour s’en assurer, on sait d’ores et déjà que le cadre de l’action diplomatique ne changera pas et que cette dernière demeurera contrainte par le choix de Nicolas Sarkozy du retour de la France au sein du commandement intégré de l’Otan. Le pari du très atlantiste ancien président s’est transformé en quadrature du cercle. Peser à l’intérieur d’une organisation créée et modelée pour les intérêts hégémoniques, donc non pacifiques de Washington, s’avère impossible. Si Emmanuel Macron prétend entretenir une forme d’indépendance sur la scène internationale, celle-ci vire plus souvent au solo qu’à la mise en musique d’une alternative.
Des présidents nationalistes pour célébrer la chute de la Bastille
Il faut ajouter une touche propre à Emmanuel Macron : une espèce d’illusion trumpiste de la diplomatie personnelle. Comme si la dimension relationnelle allait amoindrir, voire effacer les intérêts stratégiques de pays. Ainsi, après Donald Trump, Narendra Modi - le premier ministre indien - est l’invité d’honneur du défilé militaire du 14 Juillet. Des présidents nationalistes pour célébrer la chute de la Bastille : peu importe la symbolique, l’Élysée se targue de « parler à tout le monde ». On peut lui opposer deux questions simples : pour dire quoi ? Et pour quel impact ? Le mystère reste entier.
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