Mort de Nahel
Par Camille Lainé
Le mardi 27 juin dernier, un jeune homme de 17 ans, Nahel a été assassiné par la police suite à un refus d’obtempérer. La scène a été filmée et diffusée largement sur les réseaux sociaux et dans les médias. Elle est accablante pour le policier qui a tiré, il a d’ailleurs été mis en examen pour « homicide volontaire » puisque « le parquet considère que les conditions légales d’usage de l’arme ne sont pas réunies ».
Suite à la mort de Nahel, une mobilisation d’ampleur s’est lancée d’abord en Île-de-France puis dans le pays entier. L’extrême droite s’est empressée de salir la mémoire du jeune homme en décrivant un casier judiciaire chargé alors qu’il n’en n’est rien. Il est de toute façon important de rappeler que rien ne peut justifier la mort lors d’un refus d’obtempérer. Quand bien même l’individu a un casier, a commis un délit ou plus grave, à aucun moment lui tirer dessus à bout portant n’est justifiable. Ce tir mortel est injustifiable. La loi de 2017, qui élargit la possibilité d’utilisation de leur arme par les agents de police, doit être abrogée.
Les parlementaires communistes avaient voté contre en dénonçant les dérives possibles. Les actes et propos racistes, pointés par le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, à l’encontre de jeunes par certains policiers doivent être sévèrement sanctionnés. Le débat public doit s’ouvrir pour engager au plus vite une politique progressiste, de proximité, pour la tranquillité publique avec une police républicaine proche des citoyens, au service de leurs attentes et de leurs besoins.
Un “appel à la jeunesse populaire”
La colère est donc légitime, la mobilisation l’est tout autant. Elle fait suite à des rapports police-population dégradés depuis des années dans nos banlieues, couplés à un sentiment d’abandon : services publics supprimés ou dégradés, paupérisation, chômage… Les habitants des quartiers populaires ont l’impression d’être abandonnés par la République. Face à cela, il y a donc besoin d’une réponse politique à la hauteur et c’est bien cela qui apaisera les tensions. Un « appel à la jeunesse populaire » porté par des syndicats et associations, soutenu par le PCF, permettra une mobilisation puissante et pacifique pour exiger justice pour Nahel. Mais rien ne peut justifier les violences de ces derniers jours, il est nécessaire de condamner fermement toutes les violences contre les personnes et les biens, les tirs de mortiers et de cocktails Molotov, qui ont bouleversé la vie de milliers d’habitantes et d’habitants de quartiers populaires, et les pillages des commerces.
La dégradation des mairies et du mobilier urbain de nos communes, des écoles de nos enfants et d’autres services publics, des équipements associatifs (maison de quartier, centre social...), des commissariats de nos quartiers, des voitures personnelles de salariés pénalisent gravement les familles directement touchées et l’ensemble de la population. Ces violences desservent les habitants vivant dans les quartiers qui en sont évidemment les premiers touchés, mais elles font également le lit de l’extrême droite, lui permettant de décrire nos banlieues comme des zones de non-droit, le tout en stigmatisant la population. Le gouvernement doit proposer des réponses et reconnaître ses responsabilités. Pour l’instant, il n’en n’est rien.
Le PCF appelle à un Grenelle pour l’égalité des territoires et contre toutes les discriminations, rassemblant tous les acteurs et actrices des communes et quartiers concernés, pour qu’enfin une politique à la hauteur des enjeux soit décidée et mise en oeuvre avec eux. Il existe aujourd’hui une “République” qui exclut les habitants des banlieues comme elle exclut la France rurale où la crise des gilets jaunes avait débuté.
♦ Une politique progressiste de proximité de tranquillité publique.
♦ Un plan pour l’égalité républicaine pour tous les habitants par le retour des services publics dans toutes nos communes.
♦ Un pacte pour la jeunesse qui engage la Nation sur des enjeux majeurs tels que l’éducation, le travail et l’emploi, les politiques sociales.
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