MANOUCHIAN AU PANTHEON : « BONHEUR À CEUX QUI VONT NOUS SURVIVRE »

MANOUCHIAN AU PANTHEON : « BONHEUR À CEUX QUI VONT NOUS SURVIVRE »

23 juin 2023
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Ils n’avaient réclamé ni la gloire ni les larmes. Ils poussent enfin les portes du temple républicain. À quelques encablures des caves où ils furent torturés. Où ils n’ont pas parlé.

La panthéonisation de Mélinée et Missak Manouchian réchauffera les coeurs des partisans, de celles et ceux tombés pour une France qui, après près de quatre vingts ans, consent enfin à honorer comme il se doit « vingt et trois amoureux de vivre à en mourir. » Avec Mélinée et Missak Manouchian, c’est aux FTP-MOI et à la Résistance communiste que la patrie est enfin reconnaissante ; « cette armée du crime », selon l’occupant, réfugiés des pogroms, du génocide arménien, du fascisme et du franquisme, « morts pour la France ». Durant l’été et l’automne 1943, ce groupe de résistants étrangers communistes réalisa une centaine d’opérations armées et de sabotages, dont l’exécution à Paris du général SS Julius Ritter. Sur leurs visages émaciés, immortalisés par une Affiche rouge placardée sur les murs par la propagande nazie, on pouvait lire les tortures qui leur avaient été infligées. Le 21 février 1944, vingt-deux tombaient sous les balles des nazis au Mont-Valérien. Olga Bancic fut décapitée en Allemagne.

Ils admiraient la France et honoraient la vie. Missak Manouchian était un poète. Comme René Char, il invitait à composer « l’avenir sans croire au poids qui décourage ». « Je meurs à deux doigts de la victoire et du but, a écrit le communiste arménien, la veille de son exécution. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain. » Manouchian aimait la France des Lumières et des libertés, celle de 1789 et de la Commune. « C’est que des étrangers, comme on les nomme encore, écrivit Paul Éluard, croyaient à la justice ici bas et concrète, ils avaient dans leur sang le sang de leurs semblables. Ces étrangers savaient quelle était leur patrie. » Bien sûr,des esprits chagrins pourraient regretter que cette panthéonisation, refusée en 2015 par François Hollande, intervienne de la main d’un pouvoir qui préfère donner des gages à l’extrême droite plutôt que d’écouter ce que nous dit la MOI sur celles et ceux qui vivent ici, à nos côtés, quelles que soient les raisons de leur exil. Ces petitesses politiciennes importent peu devant l’Histoire.

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