Politique Culturelle-Aube
Le Festival en Othe va bientôt ouvrir ses portes. Vieux déjà de 30 ans mais toujours jeune et vivace, il tient le coup malgré les multiples menaces suspendues sur sa tête. Cela reste un festival modeste, local, encore soutenu par un public et des collectivités.. Rien d’un mastodonte du divertissement comme il s’en crée depuis 20 ans en France avec l’aide des multinationales.
De grands groupes comme l’Américain Anschutz Entertainment Group, organisent des événements très divers, musicaux ou sportifs (Rock en scène par ex.)
Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait le pognon. L’achat ou la gestion de salles de concert sont devenus aussi un bon moyen de se faire du fric. Lagardère ou Bolloré ne s’en privent pas. N’est-ce pas le City football group (CFG) qui s’est positionné pour occuper et exploiter le Cube - Parc des expositions ?
Les cachets des vedettes atteignent des sommes confortables dignes de certains joueurs de foot. Ce qui pousse à la hausse des cachets et des billets un peu partout.
Une nouvelle donne voit le jour, la montée du numérique qui supplante le disque. La valeur générée par la musique numérique est captée par les Gafas, et non par ceux qui créent cette valeur. C’est la nouvelle poule aux œufs d’or pour ces multinationales.
Les géants du divertissement se sont lancés dans une guerre économique pour le contrôle de la musique live, c'est à dire prise en direct au cours de ces grands événements qu’ils organisent. Le paysage français de ces festivals peut en être rapidement bouleversé.
Fort heureusement en France la situation est plus contrastée. Les festivals y sont plus complexes, (il n'en existe pas moins de 1700 pour les musiques actuelles), mieux ancrés dans le territoire. Ils bénéficient d’un soutien public. Le grand mouvement de l’exception culturelle initié par Jack Ralite a laissé des traces. « J’espère que le marché français ne fera pas la bêtise de “s’anglo-saxoniser” à l’extrême. » dit le directeur du festival de Bourges.
Cela n’empêche pas une lente concentration par le haut, les grands opérateurs s’appropriant des parts de marché là où ils peuvent. Vivendi via notamment sa société Universal Music Group s’en est rendu spécialiste. Cela consiste à prendre des parts de marché sur l’ensemble de la chaîne de valeur de manière à se rendre incontournable. Ces boîtes possèdent aussi des labels, des positions et des portefeuilles d’artistes, ces derniers se produisant rarement seuls.
On voit que des nuages lourds pointent à l’horizon des festivals.
En dehors des frontières hexagonales, la concentration festivalière est arrivée à saturation. En France, le modèle de subventions publiques et un écosystème solidaire ont entravé l’avancée des multinationales. Jusqu’à quand ? L’État et les collectivités, notamment les régions, doivent- ils continuer à financer l’activité de ces grands groupes, comme c’est notamment le cas en Île-de-France avec Rock en Seine ?
Tant qu’il existera, le Festival en Othe aura le soutien de la Dépêche de l’Aube qui y tiendra son stand toute la durée de la fête.
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