La semaine dernière, le Sénat, après examen du projet de loi d'orientation et de programmation pour la justice 2023-2027, a autorisé l'extension des perquisitions de nuit et, surtout, l'activation à distance, à l'insu de leurs propriétaires du micro ou de la caméra des téléphones portables, ordinateurs ou de tous autres appareils connectés, même s'ils ne sont pas allumés. Un logiciel espion serait le cheval de Troie, via les failles de sécurité, pour en faire des mouchards.
Terrorisme et violences relatives à l'intégrité des personnes ont été la « réclame » des Républicains, majoritaires au Sénat, pour remplir le cabas de l'avocat de Balkany et de Cahuzac, le broussailleux ministre de la Justice Dupond-Moretti, qui a moqué les opposants qui « [découvraient] la lune » car, a-t-il dit, la pratique existe déjà mais nécessite la pose de mouchards qui « est risquée pour les enquêteurs ». Brave homme.
C'est une régression de plus pour les libertés individuelles. Mais aussi collectives, si l'espionnage - appelons un chat un chat - s'effectue dans un lieu public ; restaurant, réunion, etc. et c'est une nouvelle porte qui est ouverte à une surveillance généralisée dont on peut légitimement être inquiet en cas de « mauvaise utilisation » de ces nouveaux pouvoirs d'investigation, plus justement à dire : d'intrusion.
C'est une « surenchère sécuritaire » pour l'Observatoire des libertés et du numérique. Si le ministre assure que la loi prévoit des « garanties importantes », on peine à trouver ces garde-fous dans le texte. Et ceci dans un contexte, sous diverses formes et masques, où l’espionnage numérique des données collectées à notre corps défendant à pris une grande ampleur.
La loi prévoit, qu'entre autres, les avocats seront exclus des grandes oreilles et de l’oeil fouineur. L'avocat Dupond-Moretti est à l'abri des interférences. La vie est donc bien faite.
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