Réforme des lycées professionnels
Par la Jeunesse Communiste de l'Aube
Après un premier essai en 2022 qui avait rencontré une forte réaction, tant de la part des personnels des lycées professionnels que des élèves, et conduit à sa mise sur pause, E. Macron a annoncé de nouveau une réforme du lycée professionnel. Cette réforme, comme la précédente, constituerait un immense recul.
Elle signe l’abandon d’avoir une jeunesse formée professionnellement, mais aussi avec un bagage culturel lui permettant d’exercer sa citoyenneté. Il s’agit d’un abandon pur et simple de la mission éducatrice au profit d’une complète soumission aux logiques du marché.
D’abord en augmentant le nombre de stages et donc en supprimant de facto des heures de matières générales déjà attaquées par les précédentes réformes. Les stages dont la qualité varie fortement d’une situation à une autre ne peuvent pas constituer l’essentiel d’un enseignement. En conséquence, les jeunes en voie professionnelle sont encore et toujours les premières victimes des accidents de travail, car ils servent trop souvent de main-d’oeuvre bon marché.
La promesse d’une territorialisation des filières et d’une plus grande emprise de l’entreprise à l’intérieur même des lycées est tout aussi inquiétante. Les jeunes déjà plus souvent fragilisés par la précarité vont se voir assignés à résidence par leur formation. Trop souvent déjà, l’orientation en lycée professionnel se fait par défaut. Laisser le choix aux entreprises des formations présentes sur un territoire, c’est livrer les lycéens et lycéennes à l’arbitraire patronal et à une logique comptable. Le président évoque déjà la fermeture de plusieurs filières « pas assez employables immédiatement ».
Offrir une main-d’oeuvre plus que bon marché au patronat.
Ces filières évoquées ont souvent en commun d’être en majorité composés de filles : secrétariat, comptabilité, etc. Cela constitue un point d’inquiétude supplémentaire quant aux orientations genrées déjà fortes en lycée professionnel. De même, la mise en place de « bureau des entreprises » pour la recherche de stage est un danger. Aujourd’hui, les professeurs et chefs de travaux qui accompagnent la recherche de stage le font dans l’intérêt de l’élève, de sa sécurité et de sa scolarité. L’entreprise, elle, ne pensera qu’à sa rentabilité.
L’annonce d’une gratification ridicule ne masque en rien la réalité du projet : détruire le lycée professionnel et offrir quelques miettes pour faire passer la pilule. D’une part, si les lycéens et lycéennes travaillent, c’est bien à l’entreprise de les rémunérer et non à l’État d’offrir une main-d’oeuvre plus que bon marché au patronat, ce qui implique donc un vrai salaire.
D’autre part, si trop de jeunes se retrouvent dans l’obligation d’avoir un revenu pour vivre à moins de 18 ans, c’est que leurs parents et tuteurs sont trop pauvres et ce n’est donc pas 1000 € par an qui va améliorer la situation. Ce n’est pas aux mineurs de travailler pour payer leur scolarité, c’est au gouvernement de faire en sorte que chaque jeune vive dans des conditions décentes. Enfin, quid de la mise en place de ces mesures annoncées « dès septembre » alors que les rentrées et les emplois du temps sont déjà en cours dans les établissements ? Comment va-t-on recruter des professeurs pour ouvrir une nouvelle filière en 3 mois ?
La mise en place de la réforme s’annonce de la même façon que celle du baccalauréat général en 2018 : un énorme capharnaüm. Dans un temps aussi contraint encore une fois, le dialogue avec les organisations syndicales, lycéennes et de jeunesse n’a pas pu avoir lieu. Pour nous, l’objectif du baccalauréat professionnel n’est pas de faire de l’insertion professionnelle rapide pour répondre aux besoins locaux du patronat. Elle doit viser à former les citoyennes et les citoyens, les travailleuses et les travailleurs de demain.
. Le retrait du projet de réforme des lycées professionnels annoncé.
. Le maintien d’un socle commun d’enseignements généraux.
. Des stages réellement utiles à la formation des jeunes.
. Une planification démocratique des besoins en formations en fonction des défis à relever demain : industrie, santé, transition énergétique.
. La mise en place d’une concertation avec les organisations syndicales, lycéennes et de jeunesse pour un lycée professionnel du 21e siècle.
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