Les tarifs des péages d'autoroutes ont augmenté de 4,75%, le 1er février. Pourtant, un rapport de 2021 de l’Inspection générale des finances (IGF) et du service d’inspection du ministère de l’Écologie proposait au contraire de les baisser. Le document s’appuie sur une étude mettant en lumière une « rentabilité très supérieure à ce qui était attendu ». Les rapporteurs proposaient deux scenarii : soit une fin anticipée des concessions en 2026 (qui courent actuellement jusqu’aux années 2031 à 2036), soit une baisse des tarifs de 60% dès 2022. Ce qui représenterait, par exemple, une diminution de 35 euros pour un trajet Paris-Lyon. Bruno Le Maire, en pâmoison après lecture des gueuseries du rapport et après qu'on lui eût donné les sels libéraux pour s'en remettre, l'a mis à l'index.
Les bonnes idées ont la vie dure. Une commission d’enquête du Sénat, dans un précédent rapport de 2020, avait aussi conclu à une « surrentabilité des sociétés concessionnaires d’autoroutes » et prédisait « des perspectives de rentabilité prometteuses. » Tel est bien le cas : les bénéfices sont passés de 7,67% en 2006 à environ 12% en 2021. Rappelons-nous que la privatisation - braderie - des autoroutes avait « rapporté » 14,8 milliards à l’État, somme présentée comme devant servir à résorber la dette publique… qui était à l’époque de 1 142 milliards !
En 2019, Éliane Assassi et les sénateurs du groupe avaient aussi déposé une proposition de loi « relative à la nationalisation des sociétés concessionnaires d'autoroutes et à l'affectation des dividendes à l'Agence de financement des infrastructures de transport en France ». Car si l’État redevenait gestionnaire des autoroutes, il toucherait plus de 55 milliards d'euros pour les dix prochaines années. Il donc est temps de siffler la fin de la récré pour les actionnaires et de revenir à l'intérêt général.
© 2024 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY