La France a retenu son souffle, le président de la République allait déclarer… Ben rien, en fait. Treize minutes au total. On aurait pu s’attendre à ce qu’une personne disant « comprendre la colère du peuple » prenne l'apaisement par les cornes. Au lieu de cela, un chapelet de poncifs et de vieilles ficelles de rhétorique politique, d'où il appert qu'il continuera coûte que coûte sa besogne au service des marchés financiers qui l’ont choisi et soutenu. Retour d'ascenseur.
Les associations caritatives sont unanimes pour souligner l’urgence de la situation de pauvreté de millions de nos concitoyens, avec plus de 30% de hausse de la fréquentation des permanences du Secours Pop’, des Restos du Coeur, des Banques alimentaires et de la Croix-Rouge. Pas un mot de Macron. On nous dit aujourd’hui que l’inflation s’accentuera jusqu’au mois d’août et que Bruno Le Maire se décarcasse à coups d'injonctions, aussi fulminantes que lettres mortes, aux groupes qui en profitent pour augmenter leurs marges.
L'annonce des « Cent jours » a beaucoup étonné. Faute de fond, on s'est attaché à la forme : à cette période où Napoléon, évadé de l’île d’Elbe, reprit le pouvoir du 20 mars au 22 juin 1815 et qui se termina à Waterloo. Aragon en a fait une époustouflante fresque romanesque*. « Au bout du compte, il n'y a que la défaite. […] Napoléon revient, mais c'est un mythe usé, un homme au bout de sa course, vers quoi court-il ? Vers quel abîme nouveau ? ». Inquiétante référence d'un président qui se croit roi à un empereur qui a mis un continent à feu et à sang, et réussi, comme lui, à coaliser contre lui l'ensemble de ses adversaires. Waterloo, morne pleine… Macronléon, prends garde !
* La Semaine Sainte. Pour moi, son meilleur roman. Avis non partagé par les spécialistes. Tant pis.
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