Ma grand-mère, lorsque venait en discussion un sujet d'actualité sur lequel un téméraire s'avisait de lui porter la contradiction, clôturait sans barguigner la discussion par un péremptoire : « Si c'est écrit dans le journal, c'est que c'est vrai ! ». C'était « l'axiome à la Fernande », disait-on dans le bourg. À quoi elle répondait qu'elle avait l'oreille fine et la voix qui portait loin.
Les temps ont changé. Preuve en est que j'ai appris qu'Emmanuel Macron n'a pas promulgué la loi sur les retraites « en pleine nuit » ... mais deux heures après le rendu du Conseil constitutionnel ! Car, explique-t-on aux béotiens, il ne faut pas confondre promulgation et publication du texte dans le Journal Officiel qui, elle, est intervenue, effectivement, à très exactement 3 h 28 du samedi. J'en suis soulagé pour notre président d'un tiers des électrices et teurs. Il a passé une bonne nuit, du sommeil apaisé de qui a enfin mené à terme de la belle ouvrage. Mais qu'elle soit perpétrée à l'heure des vêpres, complies ou à matines, une crapulerie reste une crapulerie et, comme Brassens l'a chanté sur un autre sujet, « le temps ne fait rien à l'affaire ».
La promptitude présidentielle avec son « timing » remis à l'heure est une gifle supplémentaire. Ce mépris hautain, cette haine farouche, assumée, très peu de ses prédécesseurs à la tête de l'État - quand bien même ils la partageaient - osèrent en faire montre dans l'histoire politique de notre pays. Sachons donc rester unis et, pourquoi pas, nécessité aussi fait loi, lui chanter à des millions de voix une petite berceuse : « Fais dodo, Manu mon petit frère, fais dodo ou t'auras des bobos ».
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