Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a récemment annoncé qu'il allait « regarder » les subventions de l’État à la Ligue des Droits de l'Homme qui dénonce les violences policières actuelles. La LDH fut fondée en 1898 en pleine affaire Dreyfus, pour prendre sa défense et sensibiliser l'opinion publique sur son innocence.
C'est une clé de voûte contre l'injustice et l'arbitraire que le ministre veut desceller. Il est vrai qu'elle l'a mis sur la sellette, ces derniers temps, en serial menteur qui dit ne voir que des manifestations prétendument « illégales » et nie l'utilisation d'armes de guerre dans les sanglantes brutalités policières dont il est pourtant le maître d’oeuvre. Gérald Darmanin ment pire qu'un arracheur de dents. Pire, parce qu'avec l'arracheur de dents, la douleur vient après le mensonge lénifiant. Avec le sinistre de la police, les douleurs infligées par une sinistre police précèdent le mensonge. Odieuse menace, répugnant chantage. Il fait même du pied aux collectivités pour qu'elles procèdent de même.
Aussi scélérate que soit cette manoeuvre d'étranglement financier, elle n'est pas nouvelle. On pourrait, par exemple, rappeler ici la diminution de 90% de la subvention aux syndicats par l'équipe de l'ondoyant Michel Cartelet à Romilly-sur-Seine, qui tenait à l'époque la barre des affaires communales. Autres temps, mêmes méthodes de fripouilles politiques.
Cette déclaration s'inscrit dans la logique d'un Président de plus en plus radicalisé dans le combat de classe, inflexible face à un mouvement populaire qu'il a sous-évalué et que qualifie désormais tout à fait le mot de Clemenceau sur Thiers* : « […] le type même du bourgeois cruel et borné qui s'enfonce dans le sang sans broncher ». La coercition peut faire taire, jamais elle n'empêche de penser.
* Adolphe Thiers, le boucher de la Commune ; égocentrique, opportuniste et intrigant en politique. Il a inspiré le personnage de Rastignac de Balzac.
© 2025 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY