À Chaource, on a parlé le français du 16ème siècle. Les textes d’Amadis Jamyn furent lus dans l’église par les élèves du collège en introduction d’un spectacle (Requiem) patronné par le Centre Pithou qui mettait en avant , lors d’’un colloque, tenu à Troyes, deux autres auteurs champenois de la Renaissance, Jean Passerat de Troyes et Nicolas Bourbon de Vendeuvre. Le colloque s’intitulait Désir d’harmonie pour souligner que l’espoir est au coeur des poètes et des peuples.
Création du T.P.C dans ce cadre, Requiem était le titre d’une pièce très noire de Roger Lombardot qui fustige la guerre « matrice de toutes les violences ». La scène se passe dans l’ex-Yougoslavie, durant la guerre de Bosnie (1992-995). Une journaliste témoigne. Elle montre cette mère qui porte dans ses bras son enfant mort. Elle décrit l’horreur : les soldats devenus de simples chasseurs, le sang, les ruines, un pays ravagé. Marie-Hélène Aïn mis en scène cette tragédie univoque d’une façon sobre, pour que seuls les mots frappent durement.
La comédienne Catherine Lefèvre a tenu le public en haleine durant 45 minutes. C’est dur de vivre dans l’angoisse sans sentir naître une lumière quelconque au milieu de l’apocalypse. Un travail remarquable. Maitrise absolue dans le ton, le rythme, la durée. Une petite place pour l’espoir est donnée à la fin par la journaliste qui pourra témoigner. Signe plus ténu, sous forme de litote sans doute, la mère, avant de mourir à son tour, esquisse un sourire, imaginant le soldat posant son fusil, pleurant, recherchant peut-être l’affection d’une femme. La femme est-elle la seule partie de l’humanité à manifester ce désir d’harmonie exprimé dans ce colloque ? La femme et les poètes, bien entendu.
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