« … Décaler l'âge de départ à la retraite ? J'ai dit il y a quelques mois : je ne ferai pas ça. Pourquoi ce n'est pas juste de faire ça ? Parce que quand vous avez commencé à travailler à 16 ans, si je vous décale votre âge de départ à la retraite, alors même que généralement quand vous avez commencé à travailler à 16 ans, vous avez moins de diplômes et dans des métiers pénibles, c'est profondément injuste. Deuxième chose, on est dans une économie où il y a encore beaucoup de chômage ; chômage des seniors, des plus âgés, si on décale l'âge légal, on dit aux gens : restez plus longtemps au chômage. C'est pas correct. » Retranscription mot pour mot d'un extrait d'une d'interview d'Emmanuel Macron en 2019. Une autre fois, il qualifiait même d'« hypocrite » le recul de deux ans.
Autant en emporte le temps, quatre ans plus tard, l'hypocrisie devient vertu. Tous les arguments donnés par lui-même sont aujourd'hui reniés par « lui-autre » et muselés à coups d'exégèses réglementaires spécieuses au Sénat et à l'Assemblée pour ouvrir en sabrant la route du « pas correct ». « Ce n'est pas la girouette qui tourne, mais le vent », a dit le radical Edgar Faure, qui, fort d'un parcours politique à tous vents, fait encore autorité en la matière.
Le vent tourne donc. De partout, la tempête se lève. Devant l'ouragan social qui enfle, la girouette oscille et grince, mais refuse de tourner, soudée au chalumeau libéral. On a beaucoup glosé sur le « mettre l'économie à genou ». Les barons de Malaki* du Guignol macronien en ont fait une muleta** agitée pour semer la crainte et le doute. J'aurai préféré mettre le patronat à genou. Ou mieux : mettre le capital à genou. Aux grands vents, les grands remèdes.
(*) Baron de Malaki : industriel intriguant du théâtre de Guignol prêt à tout pour servir ses intérêts.
(**) Muleta : cape rouge des matadors.
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