50 ans d’efforts pour éviter une conflagration nucléaire ont pris fin. Poutine a suspendu la participation russe au traité « New Start » qui engageait 191 états à limiter leurs possessions de tels armements. L'annonce est venue après des semaines de refus par Moscou de reprendre les inspections mutuelles des arsenaux nucléaires stratégiques, et après que les Russes, cosignataires du traité aux côtés des Américains en 2011, aient été écartés, pour la première fois, de la récente Conférence de Munich sur la sécurité.
La décision de Moscou plante un nouveau jalon dans l'évolution de la guerre en cours. Par les actes, d’abord, car devient pour l'instant caduc le dernier accord sur l’arme atomique entre Russie et USA, alors qu'eux deux détiennent 90% de l’arsenal mondial. Et par les paroles, aussi, des Russes comme des Chinois. Poutine fustige « l’élite occidentale » qui « ne cache pas ses objectifs, qui sont d’infliger une défaite stratégique à la Russie » et, quasi simultanément, la Chine dénonçait la « mentalité de guerre froide » de Washington.
Pékin avait d'ailleurs intentionnellement choisi les heures précédant le discours de Biden à Varsovie pour exposer sa stratégie anti-américaine et son « initiative de sécurité mondiale » à travers deux documents au ton particulièrement dur et péremptoire. Cette surenchère tripartite laisse ainsi bien loin encore la fin du conflit dans lequel le Kremlin a entraîné l’Ukraine ces dernières années, et surtout depuis le 24 février 2022, date de l'ouverture des hostilités.
La multiplication de discours et d’actes offensifs de la part des trois mastodontes que sont Pékin, Moscou et Washington fait craindre que cette guerre-là ne reste pas froide. Car les coups de billard à trois bandes des uns et des autres nous rapprochent inexorablement de périlleux récifs.
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