« … Beau et con à la fois » a chanté Jacques Brel*. Les Allemands ont eu Goethe, Kant, Max Ernst… et même Marx et Engels dans, ici très abrégé, leur long « Inventaire » à la Prévert du Beau. Pour le con allemand, point d'inventaire, juste un spécimen qu'on aurait mille avantages pédagogiques à mettre sous verre et à exposer au musée de la Connerie. L'énergumène, spécialiste des syndicats et du marché du travail auprès de l'Institut de l'économie allemande (IDW), juge que, pour la retraite, les Français « vivent sur l'île des bienheureux ». L'IDW est un appendice du patronat d'Outre-Rhin et M. Hagen Lesch, puisque c'est de lui dont il est ici question, a émis son credo idéologique dans un hebdomadaire, propriété à 100% de François Pinault. Ceci explique sans doute cela.
Le patronat, qu'il soit allemand, français ou guatémaltèque, a un gène commun. Un atavisme qui lui fait tout expliquer par le bas. Le scénario du pire lui est toujours le meilleur. Salaires ? Bienheureux les Bulgares avec leurs 330 euros par mois ! Retraites ? Bienheureux cet Américain plus qu'octogénaire qui turbine encore pour payer un crédit ! Et n'allez pas me raconter que l'île des Bienheureux n'existe pas. Les îles Caïman, les Bahamas, La Barbade, les Îles Vierges britanniques… et les Bermudes avec leurs énigmatiques disparitions dans le triangle fiduciaire ?
Je croise souvent une dame qui promène le soir son chien. On fait un peu la causette. Maladie handicapante à l'abdomen, très modeste retraitée, elle continue donc de travailler en conditionnant à domicile des produits d'esthétique. Jamais elle ne m'a parlé de cette fameuse « île des Bienheureux ». Je me demande bien pourquoi.
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