Nous en sommes là. Face à la désertification médicale, le maire de Nevers a mis en place un pont aérien en jet privé entre Dijon et sa ville. Des généralistes et des spécialistes vont ainsi faire des navettes aériennes (35 minutes de vol) pour un coût par personne et par trajet de 670 euros, à la charge de la collectivité. Non-sens écologique avec un poids budgétaire significatif.
Denis Thuriot, maire Renaissance de la ville, lui, se congratule. L'empreinte carbone ? Après nous la canicule, la santé d'abord. Certes, tout n'est pas, en la matière, blanc ou noir. Il évoque une triste réalité, fruit acide mais logique de la mécanique capitaliste de l'offre et de la demande. Celle de médecins « mercenaires » qui poussent les enchères, et pour qui le serment de Crésus remplace celui d'Hippocrate.
Devant les médias conviés à l'atterrissage inaugural, on aurait bien aimé de monsieur le Maire quelques mots des promesses de campagne d'Emmanuel Macron qui avait notamment évoqué une « régulation des installations » pour pallier les déserts médicaux. Le gouvernement n'en parle plus et le ministère de la Santé, quasi aphone, susurre préférer plutôt « l'incitation » ; porte ouverte à l'absurdité et aux dérives et abus de toutes sortes sur le dos des patients contribuables.
Face à la gravité de la situation, les déserts médicaux sont un enjeu politique national. Et non pas l'occasion pour des élus locaux – on l'a vu récemment à Romilly – de se répandre en pleurnicheries sur une situation dont sont coupables leurs formations politiques, avant de se faire mousser avec des ersatz coûteux de solutions. Quand ils ne sont pas ubuesques.
© 2024 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY