Elle n'avait pas d'argent pour satisfaire les revendications des contrôleurs grévistes ni de mots assez durs pour les fustiger, pourtant, et cela l'embarrasse, la SNCF a encaissé des bénéfices record en 2022 : 2,2 Mds €. Bénéfices qui proviennent du non remplacement de personnel sous statut (moins 16 000 emplois en 10 ans, soit 10% des cheminots) et donc de la suppression de trains au détriment du service aux usagers, mais qui proviennent surtout de l'encaissement des bénéfices de ses filiales ; car, avec l'ouverture à la concurrence, la SNCF a créé des filiales en face de chacune de ses activités, la stratégie étant de se mettre en concurrence avec ses propres filiales, qui ont des employés sous droit privé et peuvent recourir à la sous-traitance mal payée. Ce sont ces filiales qui assurent des résultats exceptionnels à la SNCF, notamment dans le transport urbain, avec Keolis (+ 32% de chiffre d'affaires entre 2015 et 2019) ou dans le transport routier, avec Geodis (+17 %). Les excellents résultats sont donc dus surtout au transport sur route… Aberration totale au vu des impératifs écologiques.
Toutes les études montrent aussi que c’est avant tout les investissements publics qui garantissent l’efficience d’un réseau ferré et sa sécurité. Or l'État français investit dans son réseau ferré deux fois moins que l'Italie et trois fois moins que l'Allemagne. Le récent procès de la catastrophe de Brétigny-sur-Orge n'a d'ailleurs pas fait changer le gouvernement sur ce point : il manque environ un milliard d'euros par an pour la modernisation du réseau. Les Régions n'auront qu'à payer davantage...
La révélation de ces bénéfices tombe à pic : ce ne sont pas les grévistes qui ont « pris en otage » les Français, mais la direction de la SNCF qui assume tranquillement la spirale de destruction d'un service public, dans la droite ligne du libéralisme au service du capital, et avec les encouragements d'E. Macron et de l'UE. Tartuffes !
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