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Dix ans après le triple assassinat de militantes, une nouvelle fois les Kurdes ont été frappés en plein Paris, au siège du CDK-F (Centre Démocratique des Kurdes de France ), où ils étaient réunis afin de préparer le rassemblement prévu le 7 janvier pour leur rendre hommage.
Ils s’appelaient Emine Kara, Mir Perwer, Abdulrahman Kizil. Réfugiés dans notre pays, ils ont été froidement assassinés à la veille de Noël devant le centre culturel kurde Ahmet-Kaya, à Paris. Depuis, l’émoi est immense. La colère aussi. Ce crime perpétré par un raciste notoire et récidiviste a forcément une connotation politique, même si le gouvernement et la justice se gardent de qualifier de terroriste l’acte qui a une nouvelle fois frappé et endeuillé la communauté kurde. En janvier 2013 déjà, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Söylemez étaient lâchement abattues dans la capitale. À ce jour, ces assassinats n’ont toujours pas été élucidés.
La France ne peut tolérer de tels agissements sur son sol, sauf à s’en rendre complice.
La responsabilité de l’État français est en jeu. Il ne peut se complaire dans l’inaction, voire dans les entraves. L’attentat de 2013 fait foi : il est toujours frappé du sceau du secret-défense. À l’époque, les autorités s’étaient pourtant engagées à faire toute la lumière sur cette tuerie. Dans les faits, elles n’ont jamais contribué à faciliter les investigations, de crainte de froisser le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
Le réquisitoire du procureur de la République est pourtant clair quant à l’implication des services de renseignements turcs, le MIT, dans l’élaboration de ces meurtres. La France ne peut tolérer de tels agissements sur son sol, sauf à s’en rendre complice. L’histoire de la patrie des droits de l’homme est déjà trop entachée de crimes politiques non résolus en raison d’une duplicité intolérable. L’impunité a fait son temps, le secret-défense doit être immédiatement levé. Le président de la République appelle à faire de cette fin d’année « un temps de fraternité », à veiller « les uns sur les autres ». Nous le prenons au mot.
Les responsables de la communauté kurde n’ont de cesse d’alerter sur les menaces qui pèsent sur eux, la France doit les protéger. Des militants sur notre territoire et en Europe portent une cible dans le dos, la France ne peut laisser faire. Nous ne remercierons jamais assez les Kurdes pour le lourd tribut payé dans la lutte contre Daech.
À cet égard, Paris s’honorerait à retirer de la liste des organisations terroristes le PKK. Défendre leur combat, c’est aussi préserver notre liberté.
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