L'ex-ministre du Travail, M Pénicaud, pensait avoir créé en 2019 avec le Compte Personnel de Formation un nouveau droit « révolutionnaire », facile d'accès, permettant aux salariés de se former régulièrement : le nombre d'heures de formation disparaissait au profit d'une somme d'argent variable dans le temps. Résultat : 5 millions de personnes y ont eu recours en trois ans. Mais le coût des formations, souvent assurées par des sociétés privées, augmente de 10% en 2021 et le gouvernement trouve cette dépense publique trop élevée.
En réponse, et contrairement à l'esprit du droit à la formation, il décide de faire payer une partie de cette formation aux salariés. D'où l'amendement au PLF, adopté le 11 décembre par l'Assemblée nationale, qui prévoit de contraindre les salariés à prendre en charge de 20% à 30% du coût des formations.
Or une formation coûte en moyenne 1358€ par mois et les demandeurs, en 2021, étaient à 82% des ouvriers, la somme demandée pour participation à la formation est donc absolument rédhibitoire pour quelqu'un qui gagne le SMIC, et le gouvernement le sait. De toute façon, la demande a déjà reculé de 50%, car il faut depuis le 25 octobre se créer une identité numérique pour utiliser son CPF, ce qui est un obstacle pour beaucoup, et le gouvernement le savait aussi.
En revanche, les patrons, dont les cotisations baissent en continu, sont tranquilles : leurs salariés mal payés qui désireraient changer de métier et/ou d'entreprise ne le feront pas, faute d'argent pour se former. Et en ces temps où il est difficile de recruter pour des emplois mal payés et aux mauvaises conditions de travail, cette mesure est bonne pour le patronat...
Pour la Start-up Nation, évidemment, c'est mal parti : la formation est la pierre angulaire d'une économie moderne qui a besoin de compétences renouvelées. Mais pour le Capital qui a besoin d'un salariat à sa main, c'est champagne !
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