Les sénateurs Républicains ont durci la nouvelle réforme par Macron de l’assurance chômage. Enfumage et camouflage en ont été les deux mamelles. Remettons ici les pendules à l’heure.
1 - Les « secteurs en tension ». Les emplois vacants s’élevaient à 362 800 au deuxième trimestre 2022 selon la Dares, le service statistique du ministère du Travail. Mais « emplois vacants » n’est pas « emplois non-pourvus ». Les emplois vacants sont les postes libres ou sur le point de se libérer où un recrutement est en cours. Les emplois non-pourvus sont des offres d’emplois dont le recrutement a été, pour divers motifs, abandonné par les entreprises. Pôle Emploi chiffre les emplois non-pourvus à 6% des 3,1 millions d’offres, soit 186 000. À mettre en perspective avec les 5,1 millions de personnes inscrites à cet organisme. En réalité, souligne aussi la Dares, les difficultés de recrutement s’expliquent très souvent par les conditions de travail. Même constat par ATD Quart-Monde : « [les] secteurs "en tension" sont ceux qui mettent les personnes "en tension" avec des conditions de travail dégradées et des rémunérations insuffisantes ». CQFD.
2 - Les « économies ». L’Unedic attend entre 400 et 500 millions d’économies par an grâce à cette réforme, mais ne dit pas, qu’en 2022, le régime est déjà excédentaire de 4,4 milliards d’euros.
3 - « 41% des Algériens en France sont chômeurs ou inactifs », a-t-il été affirmé. Chiffres puisés à un « Observatoire » d’extrême droite ! La réalité, c’est 17,9 % (ministère de l’Intérieur) et doit être adossée à l’accumulation de facteurs qui rendent plus difficile leur accès au travail : la discrimination à l’embauche n’étant pas des moindres.
Les Républicains sont à la République ce qu’est le Munster pour le réfrigérateur : ça pue.
RÉMI
À une amie.
« Je n’ai plus la force ». De guerre lasse, elle a démonté l’auvent et éteint les quinquets. Une « institution » à Romilly, toute créée de ses propres mains rugueuses d’ancienne ouvrière des usines et des champs. Un coeur gros de Madone, comme l’a portraiturée un journaliste de Médiapart en reportage, cet été, à Romilly.
Combien de fois l’ai-je vu sortir de son restaurant pour offrir un café ou à manger à un SDF ? Je ne comptais plus à la fin. J’admirais. Une autre commerçante m’a dit récemment, mi-badine, mi-fataliste : « il y a des jours avec et des jours sans, mais on fait surtout avec les jours sans ».
Il y a le contexte général ; le Covid, l’inquiétant cliquetis d’un engrenage guerrier qui s’est remis en marche, les premiers effets économiques, entre autres sur l’agriculture, du déréglement climatique… Il y a le contexte général donc, au sujet duquel il y a beaucoup à dire, ce dont La Dépêche ne se prive d'ailleurs pas.
Et il y a le contexte local. Depuis une quinzaine d’année, une chape de plomb pèse sur Romilly. Elle a un nom : Éric Vuillemin. Déjà fort modeste, le pouvoir d’achat moyen local n’est plus en berne, mais sous la ligne de flottaison. En attestent les associations caritatives. Qu’a fait le maire ? Hausses de tarifs, de redevances et de taxes, baisse considérable du subventionnement de l’aide sociale communale.
Trois sous de jugeotte devraient lui conseiller une autre politique pour redonner, autant que faire il pourrait, du pouvoir d’achat. L’opposition de gauche en démontre la possibilité chaque année, chiffres à l’appui, lors de l’examen des budgets. Mais d’un maire compulsivement borné dans une idéologie de droite dure, autant attendre Godot *. Sans le nerf du commerce qu’est l’argent, les fermetures se suivront et se ressembleront.
Autant en emporte l’auvent.
EL CARRETERO
(*) « En attendant Godot », pièce de Samuel Beckett où deux personnages en attendent devant un arbre un troisième, inconnu, qui ne viendra pas.
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