Aube – Thieffrain
Soutenu par le groupe agro-industriel Sanders-Duc, un projet de poulailler industriel d'une ampleur inédite dans notre département est en préparation à Thieffrain. Ce projet atteint les limites maximum en Europe de ce qu’on peut autoriser (par dérogation) pour des élevages de volailles. La densité des poulets sera la pire qui puisse être permise.
Un demi-million de volailles par an seraient élevées dans la promiscuité de 2 hangars sans accès à l’extérieur. Le projet entraînera une artificialisation des sols de 2 hectares. L’enquête publique en cours sera close le 20 octobre prochain, mais d’ores et déjà le collectif Pour La Protection de la Vie à la Campagne a lancé une pétition adressée à Madame La Préfète de l’Aube, ainsi qu’au Ministre de La Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires. L’association écologique Aube durable est également vent debout contre ce projet qu’elle qualifie de « délirant ».
Comme bien souvent en matière de discours politique, il y a loin de la coupe aux lèvres.
Lors des États Généraux de l'Alimentation, E. Macron, président de la République, avait déclaré qu'il fallait « s'organiser sur les territoires pour changer les modèles productifs. Ça veut dire arrêter des productions, qu'il s'agisse de la volaille ou du porc qui ne correspondent plus à nos goûts, à nos besoins ». On aimerait donc bien entendre ce qu’en pensent les barons de la politique auboise qui risquent de se cacher, une fois de plus, derrière le résultat de l’enquête publique comme ce fut le cas pour l’incinérateur de La Chapelle St Luc.
Il est vrai qu’à l’heure « de la fin de l’abondance et de l’insouciance » dixit le Président de la République, difficile d’accepter l’idée de voir des millions de poulets venir de Belgique pour être engraissés dans l’Aube puis retransportés en Belgique pour y être abattus, transformés et vendus en Europe.
Ce projet semble bien cumuler tout ce qui n’est plus acceptable de nos jours :
Dans ce type d’élevage, les poulets, exploités pour la production de viande, sont sélectionnés génétiquement et nourris pour produire un maximum de chair en un minimum de temps. La croissance accélérée de leurs muscles est telle que le reste de leur organisme ne peut pas suivre. Beaucoup sont atteints de problèmes cardiaques ou pulmonaires, ou n’arrivent même pas à tenir sur leurs pattes. Ils sont tués à la chaîne à l’abattoir après un engraissement de 35 à 42 jours seulement.
La densité de peuplement pour les poulets sera supérieure à 22 individus par m2, soit un espace maximal d'une feuille A4 par animal. Aucun animal ne sortira de ce poulailler industriel. Le renouvellement de l'air ne se fera que par l'intermédiaire de ventilateurs. Le sol sera recouvert d’une simple litière, inchangée pendant toute le cycle d’élevage (6 semaines). La mortalité de ces animaux dans de telles conditions est estimée à 3 %, soit environ 20 000 volailles par an. Si l’on en croit le collectif Pour La Protection de la Vie à la Campagne il est évident que beaucoup de questions se posent sur le bien-fondé de ce poulailler industriel.
Les conditions d'élevage sont propices au développement des parasites et des inflammations cutanées. Les traitements médicamenteux et les vaccinations deviennent indispensables pour y remédier. La nourriture destinée aux poulets et aux dindes contient des antibiotiques (anticoccidiens) quasiment tout au long de leur courte vie. Les litières et les eaux de lavage (avec détergents, bactéricides, et résidus médicamenteux) seront en totalité épandues sur les terres agricoles environnantes (257 hectares), entraînant des risques très importants de pollution des sols et de l’eau. L'odeur d'ammoniac émanant des fientes pourra devenir rapidement insupportable pour les animaux et le voisinage (première habitation à 220 mètres de l’exploitation). L’ammoniac occasionne des brûlures sur la peau des oiseaux ainsi que sous leurs pattes. À tout cela s'ajoute la prédation de la ressource en eau, ce qui est là aussi loin d’être anecdotique.
Voilà beaucoup de raisons pour agir contre ce projet de poulailler industriel en signant la pétition en suivant ce lien :
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