Depuis la campagne des présidentielles et précisément le 10 janvier 2022, Mme Rousseau a trouvé en Fabien Roussel la cristallisation de tout ce qu'elle déteste : le mangeur de viande qui, aggravant son cas, voudrait que tous les Français puissent faire de même avec une viande issue d'un élevage de qualité et de proximité. Pourtant cela aurait dû plaire à Mme Rousseau : plus besoin d'importer des bêtes nourries aux antibiotiques et au tourteau de soja issu de la déforestation brésilienne. Mais le mangeur de viande en question conteste aussi que manger une entrecôte cuite au barbecue soit, comme le dit Mme Rousseau, un symbole de virilité - à déconstruire évidemment. Pour lui, manger de la viande dépend essentiellement de « ce que l'on a dans son porte-monnaie et non dans son slip ».
Quelques considérations : d'abord la viande - ne parlons même pas d'une viande de qualité - n'est pas à la portée de tous, surtout pour les 9,2 millions de personnes vivant en France métropolitaine sous le seuil de pauvreté, et d'autant que la viande en grande surface a augmenté de 10 à 18% depuis juin. La consommation de viande est d'abord liée au pouvoir économique de sa classe sociale. Ensuite l'évocation du barbecue - cuisine simple et souvent entre amis - appelle celle du camping, de l'apéro et d’une classe sociale, la classe populaire. Or des enquêtes ont montré après les municipales de 2020 que le vote EELV était essentiellement le fait d'urbains - et surtout d'urbaines - diplômés, assez jeunes et plutôt aisés. Il est alors plus facile d'être végétarien quand on peut choisir de l'être. Mme Rousseau, qui soigne son électorat, peine à contenir un réel mépris de classe à travers ses diatribes sur la viande et sur l'homme responsable de « l'androcène », qui étale une virilité insupportable en retournant les entrecôtes. Précision : je suis végétarienne.
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