Est arrivée l’ère des pénuries. Les unes, « légendes urbaines », se glissent avec les vents coulis de la bêtise. Par exemple, l’hypothétique éventualité d’un conjectural manque de PQ a, ipso facto, créé le manque. Paniques électrisées dans le cerveau limbique comme la Grande Peur de 1789, dont Romilly fut un des épicentres. Au début de la Covid, c’était les masques. Pénurie réelle, celle-là, due à une cascade d’incuries fautives. Et puis il y a les pénuries à but lucratif. Axiome du capitalisme : plus forte est la demande, plus chère est l’offre.
L’ère des pénuries est en concomitance avec les temps d’instabilités et d’incertitudes : du cercle domestique à la globalité planétaire. « Le monde bouge ». La poudre parle en Ukraine, le dragon chinois défie l’aigle américain dont la devise au revers du sceau : « Novus ordo seclorum », nouvel ordre des siècles, dit les buts.
Détruire pour reconstruire. Les crises « primitives » du capitalisme occasionnèrent la destruction massive de marchandises du fait de surproductions. Avec celle, financière, de 2008, on vidangea hors de la tuyauterie spéculative des milliards de milliards d’argent réel et virtuel.
Là où sévit la pénurie, là sont les gros profits. La preuve par le médicament. L’OMS s’émeut d’une situation qui empire. Le site de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) répertorie en temps réel la kyrielle impressionnante de « ruptures de stocks » et de « tensions d’approvisionnement ». Mon pharmacien questionné sur un médicament qu’il me dit indisponible depuis deux mois, et ne figurant pas dans cette liste, m’a répondu : « Oui, mais là, ce n’est pas le fabricant, c’est le distributeur. » Comme les matriochkas russes, un margoulin peut en abriter un autre.
Rémi
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