Je n’avais pas compris, et cela depuis des semaines, qui bombardait la centrale de Zaporijia. Nos media toujours prudents, toujours objectifs, nous expliquaient que les bombes tombaient, que ça allait créer la catastrophe, mais on ne savait pas d’où ça venait. Enfin, une info en provenance de l’ONU, s’est glissée dans le concert bavard : les Russes occupent la centrale depuis mars, il serait étrange qu’ils se la bombardent !
Ne nous a-t-on pas appris l’histoire de cette façon à l’école, c’est-à-dire en nous cachant l’essentiel, en faisant briller les boutons des capotes, en vantant Bugeaud, la-casquette-lacasquette, alors qu’il n’était qu’un massacreur. « À un haut pays de civilisation comme la France, les colonies sont indispensables, » lisait-on dans mon livre Hatier.
Dans l’école de la République ( dite « libératrice » par un syndicat d’autrefois ), aucun maître ne manqua de nous apprendre la naissance de la liberté de la presse à partir de 1830, pays des libertés, ce qui était vrai, mais aucun ne nous montra comment le pouvoir républicain sut réagir en 1881 (1), en abandonnant les médias aux patrons de presse.
Pendant cette dernière guerre dont nous fêtons partout les héros et les victimes (Creney- Buchères-Mussy), mon grand-père dont le second prénom était Maximilien me laissait écouter les chansons sur radio Paris, Jean Lumière, Tino, Trenet déjà. Quand arrivaient les informations que je n’écoutais guère, pépé me disait : « Ferme le poste gamin, je peux penser tout seul. »
(1) La loi du 29 juillet proclame que l’imprimerie et la librairie sont libres. Ce qu’ont bien compris les grands propriétaires des media d’alors qui s’en servent contre la République et les organisations ouvrières.
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