Aube - casse du service public
Dans notre édition du 8 juillet dernier nous dénoncions les restructurations en cours à La Poste, dans l’Aube comme ailleurs en France. Les retards dans la distribution du courrier, dont les facteurs ne sont en rien responsables continuent, y compris pour La Dépêche de l’Aube. La Poste s’attaque maintenant au timbre rouge…
Le 21 juillet, l’annonce par La Poste de la suppression du timbre rouge a suscité l’émotion. Né en 1849, il était utilisé pour les lettres prioritaires depuis 1969. À partir du 1er janvier 2023, il laissera la place à une e-lettre dématérialisée, envoyée depuis laposte.fr jusqu’à 20H, puis imprimée dans la plateforme de tri et distribuée le lendemain sous forme d’enveloppe ornée d’un dessin de timbre rouge. Si la chute globale du courrier n’est pas contestée, en lien notamment avec la numérisation des échanges, elle ne suffit pas à expliquer cette désaffection brutale pour le timbre rouge.
Une politique volontariste et concertée.
L’entreprise met en avant le fait que la lettre verte (transmission à J + 2) est « plébiscitée » par les usagers. Dans les faits, le timbre rouge n’était plus vendu dans de nombreux endroits, bureaux de poste ou de tabac et automates, depuis un bon moment. Ils se sont donc reportés vers le timbre vert. C’est une politique volontariste et concertée. Pour Romain Boillon, de la FAPT CGT, la chute de trafic devrait encore s’aggraver : « La société va de plus en plus vite, mais on ralentit volontairement le courrier. Plus l’acheminement va être long, plus les gens vont s’en détourner ! »
Et dans l’Aube, les « réorganisations » en cours du tri et de la distribution du courrier et des journaux, avec tous les retards, comme nous l’évoquions le 8 juillet, ne vont pas améliorer les choses.
Un manque d’accessibilité.
Cette lettre dématérialisée pose aussi une question d’accessibilité. Arnaud Jardin, responsable mobilisation citoyenne chez Emmaüs Connect, a tenté de souscrire à cette fameuse e-lettre en ligne. « Il y a 18 pages avant de valider son panier, on nous demande de créer un compte… En cas de difficulté, on ne propose pas de venir au bureau de poste. Ce tout-numérique est inacceptable, il n’y a pas de plan B. Cette e-lettre dénote un aveuglement sur la fracture numérique en France, qui concerne 14 millions de personnes. Ils vont devenir des sous-citoyens, coupés d’un service de courrier urgent. 12 % des Français n’ont pas d’ordinateur ni de tablette. Ce timbre est un élément constitutif de notre vie citoyenne. Sans une plus grande accessibilité de l’ensemble des services publics, on va droit dans le mur. » Pour garantir le maintien du service universel postal, La Poste a pourtant reçu en 2021 une dotation budgétaire de 500 à 520 millions d’euros de l’État.
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