La suppression de la redevance à l’audiovisuel public a été voulue pour redonner du pouvoir d’achat aux Français. Paraît-il. D’abord, ce serait bien d’en finir avec ce « pouvoir d’achat » qui nous définit exclusivement comme des consommateurs, et non comme des producteurs. Ensuite, en mars 2022, A. Chassaigne réclamait le rapport de la DARES sur le non recours aux allocations-chômage, rapport, semble-t-il, toujours bloqué par le gouvernement. Et cela concernerait, selon D. Gravouil de la CGT, des centaines de milliers de personnes découragées par la complexité des démarches et le durcissement des règles d’indemnisation. Or ces allocations seraient pour elles bien plus importantes que les 138€ annuels de redevance. Mais silence radio de la part du gouvernement...
Quant à la suppression de la contribution à l’audiovisuel public, contrée par seulement 57 députés, elle ne fait que confirmer que, pour la droite et l’extrême droite, tout ce qui est public doit être vendu, sauf ce qui n’est pas rentable. Et un média peut être extrêmement rentable en terme de propagande publicitaire et politique quand il est contrôlé. Alors nous objecterons que les émissions culturelles sont essentiellement sur les chaînes publiques, comme les retransmissions du festival d’Avignon en ce moment. Vilar disait d’ailleurs que « le théâtre est une nourriture tout aussi indispensable à la vie que le pain et le vin, qu’il est donc, au premier chef, un service public, comme l’eau, le gaz et l’électricité ». Un audiovisuel public, autonome, indépendant des pressions financières, peut encore offrir à tous ce service public d’émancipation. Il convient donc de l’étouffer...
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