Politique - Troyes - Aube
Après la claque des législatives où deux députés Rn ont été élus, l’une dans une circonscription détenue par Les Républicains depuis près d’une quarantaine d’années, l’autre au détriment du parti Macroniste, mais que F. Baroin pensait récupérer dans son giron, ce dernier fait un virage à 180 degrés et change sa stratégie politique.
Tour à tour, lors du conseil municipal de Troyes, puis le lendemain à l’occasion de la réunion publique de Troyes Champagne Métropole, F. Baroin a saisi ces deux tribunes pour délivrer un discours politique vengeur et accusateur. Vengeur parce qu’on a bien senti que l’enfant gâté de la politique n’aime pas perdre et que loin de faire son mea culpa, il a distribué les coups à ceux dont il estime qu’ils ne font pas allégeance. Tout le microcosme politique sait qu’il s’agit-là de la présidence du Conseil départemental, qui lors des dernières élections sénatoriales avait déjà fait élire sa candidate au détriment de G. Menuel.
Le grognard de F. Baroin avait sans doute rêvé d’une fin de carrière un peu plus éclatante sous les dorures du Sénat. Voilà qu’il a même perdu la circonscription que F. Baroin lui avait léguée, comme on transmet un patrimoine, qui ne lui appartenait pas. Et le retour à la réalité semble bien mettre en colère celui qui a encore la nostalgie du « député Maire » comme il le répète souvent. Vengeur, parce que son discours n’a laissé la place à aucune ambiguïté : d’après François Baroin il n’y a pas d’autre alternative que la sienne. Comprenez de celle de son camp ou de son clan selon qu’on se situe au niveau de la politique nationale ou bien locale.
Manque d’humilité
Tout cela manque beaucoup d’humilité et c’est ce qu’a voulu expliquer JP Cornevin (PCF) non sans avoir rappelé en préalable « qu’il était heureux que F. Baroin redécouvre soudainement les vertus de la politique », alors que lors de la dernière réunion de TCM, l’élu communiste avait été privé de micro parce qu’il faisait de « la politique ». « L’humilité devrait vous conduire à ne pas ériger le programme de la droite comme étant le seul susceptible à redresser le pays. Les propositions des Républicains lors de la séquence électorale que nous venons de vivre, ressemble à s’y méprendre, à ce qui a déjà été appliqué sous le gouvernement Fillon. Tout le monde n’a pas la mémoire courte. Vous avez été ministre d’un gouvernement qui a fait beaucoup de dégâts sociaux et développé les injustices (…). ( Voir le texte ci-dessous ) J’espère donc que l’alternative à Macron ne passera pas par les Républicains, sinon bonjour les dégâts. »
Échec de la droite locale
David Blanchon pour le PS, avait la veille au Conseil municipal de Troyes renvoyé François Baroin à ses vérités : « Vous voulez arrêter les mensonges et dire la vérité ? La première des vérités, c’est l’échec de la droite locale aux législatives. Ces territoires ruraux étaient tenus par vos troupes, ils vous échappent. »
Anna Zajac a, quant à elle, réagi en ces termes suite à l’intervention de F. Baroin : « l’opposition de gauche possède avec la Nupes l’inter groupe le plus important au Parlement et que ses élus proposeront des lois afin de répondre aux attentes de la population, pouvoir d’achat, changement climatique, réchauffement de la planète, protection de l’environnement. Vous n’avez pas évoqué ces points importants dans votre longue déclaration. »
François Baroin a donc ressorti l’artillerie lourde. Les Républicains « veulent reprendre les rênes du pouvoir ». Ils y sont déjà, pensez-vous ? Bah oui, à peu de chose près… Baroin disait lui-même au lendemain de la présidentielle de 2017 : « Macron, c’est l’avenir de la droite ». C’est dire les contorsions douloureuses qu’il va devoir effectuer pour incarner désormais une alternative à Macron.
« Monsieur Baroin vous faites l’éloge des services publics, mais, durant votre passage à Bercy, c’est vous qui avez mis en oeuvre avec zèle la RGPP (Révision générale des politiques publiques) qui a opéré une saignée de 150 000 emplois dans la Fonction publique. Faut-il vous rappeler la loi Bachelot qui a transformé l’hôpital public en entreprise devant dégager des bénéfices, malgré les protestations quasi unanimes du corps médical ? La funeste tarification à l’activité, dite T2A, a participé pleinement à la suppression de 60 000 lits d’hôpitaux ces 15 dernières années.
Et les transports publics ! Entre 2007 et 2012 le gouvernement Sarkozy-Fillon-Baroin a accéléré la casse du fret ferroviaire ! En 2000 sa part modale dans le marché des transports était de 20,6% ; en 2016 elle n’était plus que de 10%. Depuis 2009, 8000 emplois de cheminots ont été supprimés, plus de 400 gares ont été fermées. et sur 21 grands triages il n’en reste plus que 3 en activité ! Cette stratégie a conduit à mettre plus d’un million de camions chaque année sur les routes, merci pour la pollution. »
JP Cornevin (extrait de son intervention à TCM)
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