Remaniement
On s’en doutait, mais le gouvernement hypertrophié Borne II, présenté lundi ne fait pas rêver. Emmanuel Macron peine à dissimuler qu’il arrive au bout de son système du « en même temps ».
C’est un non-événement. Tout ça pour ça. Le fantasme gaullien d’un gouvernement d’union nationale avait disparu à peine évoqué. La recherche d’une coalition, tout à fait improbable avec une autre formation que « Les Républicains », a été écartée par ces derniers, soucieux de ne pas se saborder et de préserver si ce n’est l’avenir en général, du moins le leur.
Ne restaient plus que les tentatives de débauchage de personnalités compatibles. On pouvait penser à quelques noms, connus ou que l’on pouvait supposer. Philippe Juvin, Christian Estrosi. Bilan zéro et même la seule « prise » réelle du gouvernement, président du groupe LR à l’Assemblée, Damien Abad, a dû partir pour les raisons que l’on sait. Côté coulisses de l’Élysée, on n’en évoque pas moins, sans trop de clairon tout de même, un gouvernement « correspondant à l’ADN du macronisme avec des profils venus de la société civile et des figures politiques expérimentées ». C’est de l’ADN en peau de chagrin avec une parité en trompe-l’oeil. On vante comme un succès l’arrivée d’un proche d’Édouard Philippe, Christophe Béchu. La belle affaire qu’une nouvelle figure de droite dans une équipe rafistolée. On ne peut toutefois s’y tromper. Tel qu’il est, ce gouvernement est clairement orienté à droite.
Les deux poids lourds Bruno Le Maire et Gérald Darmanin sont ainsi reconduits sans coup férir et l’on peut gager qu’ils ne céderont pas une miette de leurs prérogatives. Dans ces conditions, la recherche de majorités d’idées va se faire à droite, que ce soit par des votes ou par d’opportunes abstentions de LR, voire du RN.
La Première ministre a préferé se passer du vote de confiance, ce qui est un aveu de faiblesse. En réaction, les groupes de la Nupes ont décidé du dépôt de motion de censure ce mercredi, avec peu de chance de succès. Quoi qu’il en soit, on peut s’attendre à ce que E. Borne mise sur le paquet pouvoir d’achat annoncé. Un chèque par-ci, une prime par-là, un dégel du point d’indice bien insuffisant, une augmentation des retraites et des minima sociaux inférieure à l’inflation. On est très loin du compte et des attentes.
Le vote texte par texte de projets déterminants pour l’avenir laisse augurer de parties de haute voltige dans l’hémicycle, ce qui n’est pas pour rassurer les Français.
À trop vouloir jouer avec le feu, Jupiter va finir par se brûler...
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