Le groupe des sénateurs et sénatrices communistes a déposé une proposition de loi visant à inscrire dans la Constitution le droit à l’avortement afin « d’en faire un principe fondamental », et de « déjouer sa remise en cause, qui est au centre des combats engagés par les forces réactionnaires à l’échelle européenne et en France ». Non, ce n’est ni en 2018 ni en 2022, c’était déjà en mai 2017. En mars 2012, la candidate du Front national avait affirmé qu’elle prendrait la décision de dérembourser l’IVG si elle était élue, « puisque l’avortement peut être évité » ; mais le FN avait tout prévu : celle qui était enceinte accidentellement pouvait « bénéficier » de l’engagement prénatal qui lui permettait de donner son bébé à un couple qui désirait adopter. Ainsi rien ne se perdait : la femme enceinte sans l’avoir désiré devenait à la fois reproductrice et productrice pour autrui...
La question de l’avortement est ensuite l’objet de dissensions au sein du FN en 2016, lorsque Marion Maréchal, en qui le patriarcat a une de ses plus ardentes zélatrices, affirmait qu’en cas de victoire de M. Le Pen à la présidentielle de 2017, « il faudra(it) revenir sur le remboursement intégral et illimité de l’avortement, car les femmes sont des êtres responsables qui doivent être traités comme tels ».
Comment donc F. Bayrou a-t-il pu dire dimanche qu’inscrire ce droit dans la Constitution était inutile puisqu’« aucun courant politique en France ne remet en cause la loi Veil et ce qu’elle est devenue » ? Un oubli, sans doute.
« N’oubliez pas qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question » a dit S. de Beauvoir. Les Américaines viennent de le vérifier. L’inscription dans la Constitution est l’indispensable antidote à l’oubli.
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